Le 30 mai 2011, le Collectif des Familles de Disparus en Algérie et Sos Disparus ont envoyé une lettre à l’ENTV demandant un droit de réponse. Un mois et demi plus tard, cette lettre n’a toujours pas été suivie d’effet et aucune réponse n’a été donnée malgré toutes les tentatives de rentrer en contact avec les responsables de la chaîne. Face au silence de l’ENTV, les familles de disparus s’insurgent contre le refus de la chaîne de contribuer à l’instauration de débats contradictoires et démocratiques et souhaitent rendre publique la lettre ci-dessous adressée à l’ENTV.
Le 20 mai 2011, dans une émission télévisée diffusée en direct, intitulée « La rencontre de la semaine, Me Farouk Ksentini affirmait pour la énième fois que le dossier des disparus était clos Selon lui, le processus de réconciliation nationale aurait totalement réglé la question des disparus puisque l’Etat a indemnisé des familles. Me Ksentini justifiait la disparition de plusieurs milliers de disparus par la lutte antiterrorisme durant les années noires et affirmait. Il affirmait que 95% des objectifs de la réconciliation nationale seraient réalisés et le temps serait désormais venu de passer à autre chose.
Me Ksentini, répète sans cesse à qui veut l’entendre, comme pour s’en persuader lui-même, que « seule une ou deux ou peut être une dizaine » de familles continuerait à faire du tapage. En outre, ces familles auraient fait de la question des disparus un fond de commerce. Mais qui, hormis les autorités algériennes usent de tous les moyens pour acheter le silence des mères qui demandent Vérité et Justice.
Le Collectif des familles de disparus et Sos Disparus s’insurgent contre ces longs monologues de Me Ksentini organisés par les médias algériens et notamment les radios et l’ENTV, alors que tout débat respectant la déontologie journalistique se voudrait contradictoire. Ces propos mensongers et venant de surcroît du Président de la Commission Nationale pour la Promotion et la Protection des droits de l’Homme sont indignes de l’institution qu’il est censé représenter. En outre, Me Ksentini dit tout et son contraire et n’assume pas ses propos lorsqu’il est confronté aux familles de disparus, prétextant des déformations par les journalistes.
Les familles de disparus tiennent à préciser que le dossier des disparus ne sera clos que lorsque la lumière sur le sort des plus de 8000 disparus sera faite et que la Vérité et la Justice triompheront. Elles tiennent à rappeler qu’elles ont été à maintes reprises violentées devant le siège même de la CNCPPDH sans que Me Ksentini n’ait à aucun moment protesté contre ces violences.
Le Président de la République, M. Bouteflika a lui-même rappelé que la télévision algérienne était ouverte à tous les citoyens et que chaque citoyen avait le droit de s’y exprimer. Dès lors, et face à ces propos erronés et insultants à l’encontre des mères de disparus et de leur combat légitime, au nom des familles de disparu(e), Sos Disparus et le Collectif des Familles de Disparus en Algérie (CFDA) demandent à l’ENTV d’exercer leur droit de réponse dans le cadre de véritables débats.
Alger, le 17 juillet 2011
P/ Sos Disparus
Fatima Yous
Présidente