Le ministre de la Communication, Hamid Grine, est accusé d’orchestrer des « sales tentatives de bâillonner la presse libre en Algérie », accuse ouvertement le quotidien arabophone El-Khabar qui a titré lundi matin à sa Une : « Le ministre de la communication veut assassiner El Khabar ».
El-Khabar, l’un des plus prestigieux et plus indépendants titres de presse en Algérie, s’en prend directement à Hamid Grine. Ce dernier est accusé « d’exercer des pressions sur les grands annonceurs privés pour qu’ils cessent de placer de la publicité dans les journaux El Khabar et El Watan », rapporte lundi le quotidien arabophone qui affirme se trouver dans « le viseur du régime » en raison de son indépendance éditoriale et de son opposition au Président Abdelaziz Bouteflika qui a accumulé 4 mandats successifs.
D’après les révélations d’El-Khabar, Hamid Grine aurait même demandé à des annonceurs privés de ne plus signer des contrats publicitaires avec El-Khabar. Des annonceurs privés auraient été conviés par le ministre de la communication dans son bureau pour « prendre un café ou un thé » afin de parler de la situation « anarchique du secteur de la communication en Algérie ». Or, toujours selon El-Khabar, les véritables raisons de cette rencontre, est « de mettre la pression sur ces annonceurs pour qu’ils coupent la publicité au journal El Khabar en contrepartie de facilités et avantages qui leur seront octroyés par le ministère des finances », s’indigne la même source qui dénonce une forme de corruption politique.
El Khabar indique que le ministre de la Communication n’a pas hésité à menacer les annonceurs privés qui refuseraient de revoir leurs relations commerciales avec cette presse indépendante et hostile à Bouteflika. « Si vous ne répondez pas à notre demande, vous ferez face à un redressement fiscal' », aurait insinué Hamid Grine. Le quotidien arabophone, qui réalise un tirage quotidien variant entre 400 et 500 mille exemplaires, n’a pas manqué de soulever les « points noirs » du parcours du ministre de la Communication. Ce dernier est accusé d’avoir organisé le « convoyage » d’un certain nombre de journalistes à Charm-El-Cheikh pour les « offrir » au Naguib Sawiris, patron d’Orascom Télécom, ex actionnaire majoritaire de l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy où Hamid Grine exerçait la fonction de chargé de la communication. Grâce aux services de Grine, Naguib Sawiris aurait dit à la fin de ce voyage : « L’Algérie et les Algériens sont sous ma botte » !