Thème : opportunité d’investissement en Algérie des hommes d’affaires européens en Algérie

Redaction

investir-algerie Question 1- Bon nombre d’opérateurs européens sont prévus en octobre et novembre 2009 en Algérie dont actuellement des Allemands et Français , pourquoi ?

L’Algérie a toutes les potentialités pur devenir un pays pivot au niveau de l’espace euro méditerranéen et arabo-africain pour peu qu’elle améliore l’environnement des affaires. Il n’y a pas de sentiments et de fraternité dans la pratique des affaires, et tout entrepreneur privé qu’il soit occidental, asiatique, arabe ou algérien est mu par la seule logique du profit. Ainsi, en ces temps de crise, elle a des réserves de change estimées à plus de 144 milliards de dollars et a un programme d’investissement public entre 2009/2013 d’environ 150 milliards de dollars qui expliquent ces prospections qui ne signifie en aucune manière réalisation comme cela a été démontré par le passé. Les hommes d’affaires étrangers sont intéressés
pour investir durablement en Algérie mais ils demandent à voir plus clair comme en témoigne les exportations hors hydrocarbures dérisoires qui est un indicateur stratégique de l’investissement hors hydrocarbures avec moins de 3% des rentrées en devises dont 70% de déchets ferreux et semi ferreux et cela a été fortement souligné par le président de la République lui même.

Question 2- Justement concernant l’environnement des affaires ?

L’environnement des affaires, en plus de la stabilité politique est tributaire d’une visibilité et cohérence dans la démarche de la politique socio- économique de tout gouvernement. Et tout investisseur se méfie lorsqu’ existe une sphère informelle importante produit de la bureaucratie comme en Algérie, fonctionnant dans un État de non droit qui produit de la corruption, comme il a horreur d’un changement perpétuel du cadre juridique, du moins pour les investisseurs sérieux dont la rentabilité des projets après maturation et réalisation est au minimum de trois à quatre années. Sinon ils tournent vers les activés commerciales et spéculatives qui demandent moins de risques sachant qu’ils seront payés grâce aux réserves de change. Et l’élément fondamental du XXIème siècle selon le rapport de l‘OCDE de 2007 pour tout attrait de l’investissement repose outre le foncier, sur trois critères fondamentaux, premièrement la bonne gouvernance centrale et d’entreprise loin des contraintes bureaucratiques étouffant toute énergie créatrice, la ressource humaine adaptée( la réforme de l’école mère de toutes les réformes) et un système financier performent, le critère d’avoir de matières premières n’étant plus déterminant.

Question 3- par rapport aux nouvelles dispositions gouvernementales ?

Il me semble qu’il faille bien cerner les problèmes. Ce n’est pas tant dans les 51% pour les nationaux ( en fait pour les entreprises publiques puisque le privé opérant dans la sphère réelle a une surface financière très limitée) et 49% pour les étrangers si l’on s’en tient au segment hors commerce ( les fameux 30/70%)vision juridique dépassée mais est ce que les entrepreneurs étrangers créent une valeur interne supérieure au transfert des dividendes après s’être acquittés des impôts. Il faut dans la pratique des affaires éviter qu’à chaque problème on ponde des lois et qu’on les change après selon la conjoncture donnant une mauvaise image de la gouvernance.

Cela n’est pas, à mon avis nécessaire. Il faut être pragmatique comme cela a été le cas lorsque les USA ont interdit pour des raisons stratégiques à certains pays du Golfe d’investir dans les ports ave une part majoritaire. Dans des cas on peut tolérer une part supérieure à 50% , dans d’autre cas pas. Car nous sommes au XXIème siècle à l’ère de la mondialisation, malgré la crise actuelle, en ne confondant pas l’importance de l’Etat régulateur stratégique en économie de marché concurrentielle, loin de tout monopole qu’il soit public ou privé car source de rentes, avec le retour au tout Etat des années 1970, qui serait suicidaire pour le pays ce qui pose le problème de l’efficacité institutionnelle. L’expérience des pays émergents peut nous être utile, eux qui se sont insérés harmonieusement dans le cadre de la nouvelle division internationale du travail.

Question 4 – quels sont les créneaux porteurs en Algérie ?

Permettez moi au préalable de rappeler que l’Algérie est liée à un Accord de libre échange avec l’Europe applicable depuis le 01 septembre 2005 prévoyant un dégrèvement tarifaire zéro horizon 2014/2015 . Donc tout projet d’investissement doit tenir compte de cet élément stratégique et se poser la question : à quel coût et surtout tenant compte des normes de qualité, l devra produire pour faire face à la concurrence internationale car on ne peut interdire l’importation. Cela concerne les 200.000 PME et les 15 fameux champions industriels que l’on veut créer entre 2009/2013. Comme les investissements dans les infrastructures ne sont qu’un moyen et leur fonction est de favoriser l’économie productive.

A partir de là l’Algérie est un acteur stratégique dans l’approvisionnement en énergie de l’Europe bien qu’il faille être réaliste ( en tenant compte de la consommation intérieure) ayant 1% des réserves mondiales de pétrole et 3% pour la gaz), posant d’ailleurs la problématique de l’après pétrole , donc comment passer d‘une économie de rente à une économie productive se fondant sur des entreprises dynamiques compétitives et un partenariat bien ciblé gagnant gagnant permettant l’accumulation du savoir faire technologique et organisationnel interne : est ce a été le cas pour le BTPH avec l’importance des dépenses publiques entre 2004/2009 car l’apprentissage a un coût profitable à moyen terme pour le pays et il ne faut pas se focaliser uniquement sur les délais ?. Car, il faut être réaliste le marché mondial est oligopolistique (nombre limité d’offreurs face à une multitude de consommateurs), la majorité des firmes contrôlant les circuits de commercialisation.

Sous réserve de la levée des contraintes d’environnement, l’Algérie devrait avoir des avantages comparatifs dans certains segments industriels,par une politique de substitution d’importation ciblée tenant compte des grosses masses importés car il faut produire à une grande échelle pour avoir une rentabilité financière , de services ( ce poste prenant une réorientation dangereuse au niveau de la balance des paiements 11 milliards de dollars en 2008 , plus de 5 premier semestre 2009 renvoyant à une nouvelle politique salariale et la revalorisation du savoir hors rente, ) qui ont un caractère de plus en plus marchands , le tourisme, tout en n’oubliant pas bien entendu la dynamisation l’agriculture pour subvenir aux besoins d’une population qui dans 20 ans approchera les 50 millions. Cela est possible car l’expérience montre que les Algériens à l’étranger évoluant dans un environnement propice malgré la concurrence rude réussissent souvent. Et pour conclure on investi dans els grands espaces d’où l’importance de l’intégration maghrébine au sein de l’espace euro- méditerranéen.

Interview du Dr Abderrahmane Mebtoul Expert International- Économiste donné à la Radio Algérie Internationale réalisée par Warda AKTOUF