Si le mot vacances a pendant longtemps était synonyme d’absence de travail pour les Algériens, aujourd’hui il signifie aussi voyages et qui dit voyages dit découvertes.
Que ce soit la découverte d’autres localités du pays ou de l’étranger, ce qui est sûr c’est que les Algériens adoptent peu à peu la culture du voyage. Cela dit, l’environnement économique n’est pas très favorable à l’émergence d’une telle culture, on parle ici de pouvoir d’achat et de salaire. Les mouvements de contestation auxquels ont participé de nombreux employés de différents secteurs réclamant la hausse des salaires en sont la meilleur preuve.
L’environnement social et démographique, lui, est très favorable au développement d’une telle culture. En effet, la population algérienne est en grande partie composée de jeunes, censés être plus demandeurs de loisirs et de voyages par rapport aux autres catégories de la société.
En effet, bien que les Algériens voyagent aussi bien seuls qu’en famille, c’est la tranche des 20-35 ans qui voyage le plus, déclare le gérant de l’agence de voyages Mondo-Tours, située place Audin. Pour sa part, notre interlocuteur du site JeReserve.com revient sur les habitudes de voyages des Algériens, selon lui ces derniers partent moins longtemps en vacances, ils privilégient les week-ends et séjours de courte durée. JeReserve.com est un portail pour réserver des voyages de par le monde.
Les Algériens ont donc la possibilité d’organiser leur séjour à partir de chez eux, sans avoir à se déplacer, en cliques et parfois même à des prix plus bas que ceux proposés par les agences de voyages traditionnelles. Ce genre de sites s’avèrent de sérieux concurrents de ces agences qui, en plus de s’ingénier à préparer des itinéraires et des réservations, doivent faire face non seulement à la concurrence directe constituée par les autres agences, mais aussi aux nouveaux entrants sur le marché, à savoir les sites internet, qui proposent des services similaires.
«Les promotions et les rabais ne sont pas l’unique critère de différenciation pour une agence, celle-ci doit aussi construire une image de par son sérieux et sa crédibilité», souligne la gérante de l’agence OK-voyage située à Dély Ibrahim. Notre interlocutrice fait ici allusion au fait qu’un client non satisfait de son séjour organisé par une agence de voyages est synonyme de milliers de clients perdus pour cette agence. Cela peut être soit l’effet du bouche-à-oreille traditionnel, soit les discussions dans les forums et réseaux sociaux.
Les Algériens voyagent et parlent de leurs voyages. Il n’y a aucun doute là-dessus. Mais où vont-ils ? Et pourquoi ?
Les mauvaises prestations nationales font fuir les touristes
Les Algériens préfèrent passer leurs vacances sous d’autres cieux, non pas par ce qu’ils estiment connaître suffisamment le pays. C’est plutôt la mauvaise qualité de service et les prix pratiqués qui poussent les citoyens à dépenser leur budget de vacances en dehors du territoire national, au profit d’autres économies. Nombreux sont ainsi ceux qui manifestent cette attitude critique vis-à-vis de l’offre touristique nationale. Mohamed.S et Redouane.S, deux frères qui partagent une habitude commune depuis cinq ans déjà, celle de voyager une fois par an, sont formels : «Nous économisons toute l’année pour passer un séjour en famille. Quant au choix de la destination, c’est l’étranger qui l’emporte haut la main, du moment où le séjour en dehors du pays revient moins cher qu’ici et à des conditions meilleures, surtout si le voyage se fait par route.»
En effet, si on se réfère aux offres disponibles sur le site voyageralgerie.com, un séjour (8 jours et 7 nuits) à Taghit revient à 31 000 DA, il est donc presque aussi cher qu’un séjour d’une durée équivalente en Tunisie qui est estimé à 35 000 DA, selon la même source.
La Tunisie éloigne les touristes algériens
Depuis un certain nombre d’années, la Tunisie est devenue la destination privilégiée des Algériens. Ils étaient 700 000 à s’y rendre en 2012, sans doute en raison de la possibilité de voyager par route, de l’absence de visa d’entrée et surtout du rapport qualité/prix.
Cette année, l’insécurité due aux troubles qui ont éclaté récemment dans le pays feront que les Algériens seront plus nombreux à bouder cette destination.
En effet, le gérant de l’agence de voyages, Mondo-Tours, située à la place Audin prévoit une baisse de la demande pour la Tunisie d’environ 40% par rapport à l’année dernière, soit un coup dur pour l’économie du pays.
Par ailleurs, les habitués de la Tunisie n’ont pas pour autant opté pour une autre destination. «Nous n’avons nul autre endroit où aller compte tenu du budget que nous pouvons consacrer aux vacances», déclare Amina. N., rencontrée à l’entrée de l’agence de voyages en question. Cet avis est partagé par un bon nombre d’Algériens qui se contentent de temporiser, en attendant une situation stable en Tunisie.
La Turquie, le Maroc, Dubaï…Des destinations hors de prix ?
De plus en plus d’Algériens ont tendance à diversifier les destinations de leurs voyages. En effet, d’après le gérant de l’agence de voyages Mondo-Tours, ils sont nombreux à visiter la Turquie.
«La motivation première de leur visite est bien le shopping et la découverte des lieux où ont été tournés les films turcs», signale-t-il.
Le Maroc, Dubaï et le bassin méditerranéen (Italie) sont également des destinations où les Algériens aiment bien se rendre. Malgré cet état de fait, on ne peut pas réellement dire que ce sont de nouvelles destinations touristiques pour les Algériens, et ce, par rapport au coût d’un voyage vers de telles destinations par rapport au pouvoir d’achat.
Selon les offres disponibles sur le site voyageralgerie.com : le prix d’un séjour (8 jours et 7 nuits) au Maroc tourne autour de 54 000 DA et 75 000 DA pour un séjour de même durée en Turquie. Enfin, le fait que le mois du jeûne coïncide cette année avec la période estivale, n’a, semble-t-il pas un impact majeur sur l’attitude des Algériens vis-à-vis des voyages.
C’est du moins ce que nous révèle la responsable de l’agence OK-voyage située à Dély Ibrahim pour qui «la demande pour les voyages n’est pas réduite, il y a seulement un décalage temporel des dates de départ».
Lu sur El Watan