La livraison et la mise en service du gazoduc «Medgaz», devant relier l’Algérie à l’Espagne, «n’interviendra pas avant l’année prochaine, dans le meilleur des cas», nous indique une source proche du ministère de l’Energie et des Mines.
Ce «report» intervient alors que la mise en service du gazoduc «Galsi», devant relier l’Algérie à l’Italie, a aussi été reportée jusqu’en 2014. Le «Medgaz» devait être opérationnel le mois en cours et ce, après plusieurs reports et deux ans de retard par rapport au délai de livraison prévu initialement.
Ainsi, c’est tout la stratégie de l’ancien ministre du secteur Chakib Khalil qui est remise en cause, lui qui tenait tellement à investir dans les gazoducs et le GNL pour développer le secteur gazier algérien. Selon notre source, «le report de la mise en service du ‘Medgaz’ est motivé par des raisons internes à l’Espagne et sa
nouvelle politique énergétique».
Le conflit entre Sonatrach et Gas Naturel y est aussi pour quelque chose. «Madrid a récemment voté une loi qui prévoit de limiter la part de marché pour la fourniture en gaz à 30% maximum par fournisseur. La Sonatrach en détient actuellement 32%. Avec la mise en service du ‘Medgaz’, cette part de marché devra grimper à près de 60%. L’Espagne y voit un monopole dangereux pour sa sécurité énergétique», explique un expert en énergie et ancien cadre de la Sonatrach.
Ce dernier ajoute que «de son côté, Alger a aussi décidé de revoir sa politique énergétique, notamment en matière d’exportation de gaz. Les rapports sont alarmants et les nouvelles découvertes ne sont pas proportionnelles à l’explosion de la demande interne qui sera de l’ordre des 60 milliards M3 d’ici 10 ans».
«De plus, faire une découverte de gaz ne signifie pas automatiquement que la ressource sera pompée dans l’immédiat. Il y a un temps de mise en service et beaucoup de temps pour finaliser toutes les procédures d’attribution d’exploitation de champs gazier», poursuit-il.
Le «Medgaz» est ainsi parti pour connaitre d’autres reports de mise en service. D’autres experts s’accordent à dire que la position de l’Algérie en Europe, considérée comme fournisseur historique, est bousculée par la contre-attaque russe.
L’autre ratage qu’aucun responsable algérien n’évoque plus est le pipeline qui devait relier le Nigeria à l’Europe via l’Algérie, appelé le «Trans-Saharan Gas-Pipeline» (TSGP). Ce gigantesque projet est annoncé pour 2015. Mais selon plusieurs sources, le TSGP connaitra le même sort que le «Galsi» et le «Medgaz», sinon pire.
Mais pour ce cas, la raison évoquée est d’ordre sécuritaire puisque son tracé passe essentiellement par la région très instable du Sahel.
Yasmina B.