C’est désormais officiel. Ben Ali n’est plus le chef d’Etat de la Tunisie. Le Conseil constitutionnel a déclaré une « vacance définitive du pouvoir », donnant les clefs du pays au président du Parlement, Foued Mebazaa. Ce dernier devrait assurer l’intérim jusqu’aux prochaines élections. Jamais un dirigeant arabe n’avait quitté le pouvoir sous la pression de la rue. Ben Ali s’est réfugié en Arabie saoudite avec son clan, laissant le peuple tunisien à son destin. Ce samedi, un incendie a fait 42 victimes dans la prison de Monastir. Et la situation reste très tendue à Tunis où police et milice interviennent dès le premier attroupement.
18 h : les proches de Ben Ali sur le sol Français « n’ont pas vocation à rester »
« La famille de Ben Ali présente sur le sol français n’a pas vocation à rester », « cette famille n’a pas manifesté son désir de rester sur le sol français, et ils vont le quitter », a affirmé François Baroin, le porte-parole du gouvernement sur France Info. Des proches de l’ex-président tunisien, dont une de ses filles et sa seconde épouse Leïla Trabelsi, ont effectivement quitté samedi après-midi l’hôtel du parc Eurodisney où ils séjournaient, selon des sources concordantes.
17 h : manifestations dans toute la France
Dans toutes les grandes villes de France, des dizaines, des centaines voire des milliers de Tunisiens ou de sympathisants ont défilé dans les rues pour laisser éclater leur joie. Des défilés ont également été organisés en Bretagne, à Lannion, Brest et Lorient notamment.
16 h : nouvelles prisons attaquées, Royal propose son aide
Selon le Dr Ali Chatli, chef du service de médecine légale de l’hôpital de Monastir, l’incendie qui a fait au moins 42 victimes ce matin dans la prison de la commune, s’est déclaré lorsque un détenu a mis le feu à un matelas dans un dortoir hébergeant près de 90 détenus au cours d’une tentative d’évasion qui a tourné à la panique suite à des tirs. D’autres prisons auraient été attaquées dans le pays. Pendant ce temps-là, en France, Ségolène Royal, jugeait « important » que le Parti socialiste « puisse se constituer en force d’observation » dans l’organisation d’élections libres en Tunisie, proposant sa propre présence comme « garantie »
15 h : « personne ne sera exclu » du processus politique
« Tous les Tunisiens sans exception » seront associés au processus politique, a affirmé le président tunisien par intérim, Foued Mebazaa, juste après avoir prêté serment. Il a promis de consacrer le pluralisme et la démocratie et de respecter à la lettre la Constitution. Le Premier ministre sortant Mohammed Ghannouchi est chargé de former « un gouvernement d’union nationale ». En France, à l’issue de la réunion interministérielle présidée par Nicolas Sarkozy, l’Elysée a apporté « un soutien déterminé » au peuple tunisien dans « sa volonté de démocratie, et a « appelé à la fin des violences ».
14 h : ambiance tendue dans le centre de Tunis
« La situation est très tendue dans l’hypercentre de Tunis. Il y a beaucoup de policiers ou de miliciens. On ne sait pas trop d’ailleurs sur qui on va tomber. Les uniformes se succèdent. Des vestes bleues, puis blanches. Les attroupements sont immédiatement dispersés ». Yvon Corre, notre envoyé spécial, vient de passer plus de deux heures dans les rues du coeur de Tunis. Il a entendu « deux ou trois détonations ». Des coups de fusils, des pétards ? « Je n’ai rien vu », avoue-t-il. Mais en discutant avec les habitants, il s’est rendu compte d’une chose : « les gens ne supportent pas la police. Ils sont unanimes. Par contre, ils ont une très bonne image de l’armée ». Quelques scènes de pillages ont encore été observées dans le centre. Et que pensent les Tunisiens de leur nouveau président Foued Mebazaa ? « Pour beaucoup, c’est un moindre mal. Au moins la constitution est respectée ».
13 h : plus de 40 morts dans l’incendie d’une prison
Alors que le pouvoir en place tente de rétablir l’ordre, un incendie s’est déclaré dans une prison de Monastir. A 13 h, un médecin faisait état de 42 morts. Il ne s’agissait que d’un bilan provisoire. Dans le même temps, on apprenait que le retour des touristes français serait possible dès ce week-end mais prendrait plusieurs jours en raison des contraintes liées au manque d’avions et au couvre-feu imposé dans le pays. A l’Elysée, la réunion interministérielle voulue par Nicolas Sarkozy était en cours.
12 h : Ben Ali officiellement écarté, Foued Mebazaa le remplace
Tous les aéroports tunisiens sont rouverts au trafic aérien, ce samedi matin, au lendemain de l’annonce de la fermeture de l’espace aérien. En déclarant une « vacance définitive du pouvoir », le conseil constitutionnel a officiellement écarté Ben Ali. Le président du Parlement, Foued Mebazaa, a été proclamé président par intérim. Mohammed Ghannouchi n’aura été à la tête du pays qu’une dizaine d’heures. Ben Ali a joint Mouammar Kadhafi au téléphone. Le président lybien devrait s’adresser au peuple tunisien dans la journée.
11 h : des hélicos survolent Tunis, la population dans l’attente
« Difficile de savoir ce que pensent les gens. Ils parlent peu », raconte notre envoyé spécial Yvon Corre. Il est à 11 h à quelques centaines de mètres du centre de Tunis et peut voir des hélicoptères survoler la ville. Mais pas de policiers. « Ils doivent tous être dans l’hypercentre », précise-t-il. Le président par intérim Mohammed Ghannouchi s’est en effet fixé comme objectif d’éviter tout rassemblement massif sur les grandes avenues. « Un Breton, que je viens de rencontrer, me disait que des 4 x 4 blancs circulaient dans les quartiers. Il affirme qu’il s’agit de partisans de Ben Ali voulant montrer leur présence à la population », rapporte-t-il.
10 h : Sarkozy convoque une réunion, Ghannouchi veut rétablir l’ordre
Le président Nicolas Sarkozy a convoqué une réunion interministérielle à l’Elysée ce samedi à 12 h. Thème annoncé : « l’évolution de la situation en Tunisie et sur celle des ressortissants français ». Le président par intérim Mohammed Ghannouchi s’est fixé pour « priorité absolue » le rétablissement de l’ordre public. La police a commencé à boucler le coeur de la capitale afin d’empêcher tout rassemblement, ce samedi matin. Avant la mise en place de ce dispositif, quelques rares véhicules et passants étaient visibles. Seuls quelques voyageurs sortaient de leurs hôtels en traînant leurs bagages.
9 h : un hypermarché Géant pillé à Tunis
L’hypermarché Géant, à la sortie nord de Tunis, a été pillé samedi après avoir été attaqué vendredi. Des dizaines de personnes sortaient du centre commercial emportant tout ce qui leur est tombé sous la main, en l’absence de tout représentant des forces de l’ordre.
8 h : Ben Ali parti, le peuple se réveille sans président
Le président Ben Ali a quitté la Tunisie hier sous la pression de la rue. Il s’est réfugié en Arabie Saoudite avec sa famille. Le Premier ministre sortant Mohammed Ghannouchi assure l’intérim à la tête de l’Etat. Les pays occidentaux plaident pour une transition pacifique et démocratique. En Tunisie, une nouvelle page s’ouvre. Entre espoir et crainte de chaos. Retour sur la dernière journée de manifestation qui a fait chuter le pouvoir en place.
(letelegramme.com)