Coach Vahid débarque à Alger. Il était presque 19h30 quand l’avion qui le ramenait de France a atterri sur le tarmac de l’aéroport Houari Boumediene. Il est arrivé avec un retard de deux heures.
Signe prémonitoire, car du retard, il en aura à combler dans une sélection qui n’a connu que des dégringolades depuis le Mondial sud-africain. Le récent classement FIFA apporte une preuve irréfutable de cette chute. Des 30 premières places obtenues par les Verts il y a deux ans, la sélection se retrouve, à présent, accrochée au 51e rang mondial.
C’est que le Bosniaque est conscient de la dure tâche qui l’attend. Il a du pain sur la planche. L’année 2011 et les trois matches qu’il va coacher (2 dans les éliminatoires et un en amical en octobre) vont lui servir pour prendre le pouls de son team avant d’apporter les correctifs qu’il faut.
Les Algériens attendent beaucoup de cet entraîneur. Très attaché à leur équipe nationale, ils veulent la voir gagner des matchs et remporter des trophées. Pour les satisfaire, Coach Vahid devra mettre en place une stratégie. Les différents chantiers qui l’attendent devront être traités un par un, du plus important au moins important.
1re étape : retaper le moral des troupes
Pour réussir son pari, Halilhodzic devra s’attaquer en premier lieu au volet psychologique. Guérir et vite ses joueurs du traumatisme dû à la débâcle de Marrakech devra être sa priorité. Sachant combien le peuple algérien a souffert de cette déroute et conscient que ça a fini par affecter tous ses joueurs qui les empêchera de disputer la prochaine Coupe d’Afrique a aussi creusé un large fossé entre eux et les supporters algériens, Vahid Halilhodzic fera en sorte à ce que cette page de l’histoire soit oubliée le plus vite possible. Pour commencer, il a annulé le match amical prévu en août prochain face à la Tunisie et décidé à ce que cette date FIFA soit pour les présentations. «Un match serait inapproprié maintenant. Il ne servira absolument à rien. Je vais discuter l’éventualité d’annuler ce match et le remplacer par un mini-stage…», disait-il. Retrouver la confiance et oublier le passé nous mènent à la prochaine étape : réapprendre à gagner.
2e étape : arrêter la spirale des défaites et réapprendre à gagner
Dans tout club ou sélection, le supporter veut une chose. Gagner. L’équipe nationale algérienne a perdu sa dynamique de victoires depuis plus d’une année. Mis à part la victoire face aux Emirats arabes unis par un but à zéro (penalty de Ziani) avant le Mondial et une autre petite victoire à l’arraché à Annaba face au Maroc, les Verts ont perdu tous ou presque les autres matchs. Ces statistiques sont frappantes. Il clair comme l’eau de roche que les camarades de Lacen ne savent pas gagner un match. Même quand l’adversaire est faible et que le match se déroule en Algérie devant des milliers de supporters algériens, les Verts trouvent du mal à s’imposer. Vahid devra trouver les bonnes phrases, ainsi que les bonnes formules pour donner à cette équipe un nouvel élan et lui réapprendre à gagner ses matches. Ça ne sera pas une tâche facile, certes, mais le Bosniaque l’a déjà faite par le passé. D’abord avec Lille qui était à deux doigts de descendre en Ligue 2 et qui a réussi à se maintenir. Quand il a débarqué dans ce club, les Lillois ne savaient plus comment gagner un match. Il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour renverser la tendance et enchaîner plusieurs succès qui ont permis à Lille de se maintenir. Quelques mois plu tard, et parce que les ambitions de Lille n’allaient pas avec celles de Vahid, il décida de rejoindre le PSG avec lequel il a gagné la Coupe de France et est devenu le dauphin de Lyon en championnat. Dans ce registre, Vahid a les qualités nécessaires pour réussir ce pari et cela commencera par trouver le bon plan de jeu qui va avec l’effectif qu’il a sous la main. Cela nous mène vers la troisième étape, donner à cette équipe un style de jeu.
3e étape : donner une identité et un plan de jeu aux Verts
Tout le monde est d’accord pour dire que notre équipe nationale n’a pas de style de jeu propre à elle. On peut considérer que c’est normal quand notre équipe ferme le jeu et joue en contre quand elle évolue à l’extérieur. Plusieurs équipes font ça. On peut aussi considérer que c’est une qualité que de voir nos défenseurs marquer des buts à chaque fois grâce aux balles arrêtées. Mais quand on voit que les Verts jouent tous leurs matchs de la même manière et qu’à chaque fois, ce sont les défenseurs qui marquent souvent par des balles arrêtées, on peut dire qu’il y a un problème. Un vrai problème. Et pourtant, ce ne sont pas les joueurs qui savent jouer au football qui nous manque. Presque tous les éléments qui ont composé la sélection ces trois dernières années jouent en Europe. Ils possèdent une bonne culture tactique, ce sont des techniciens et ils jouent excellemment avec leurs clubs. Dès qu’ils viennent en sélection, ils perdent leurs moyens et retombent dans le piège du jeu long. Saâdane, qui a eu ce groupe pendant plus de deux ans, n’a pas pu lui donner un style de jeu propre à lui. Benchikha, son successeur, a promis de régler ce problème, mais il n’a pas eu le temps de le faire. Les Algériens attendent donc à ce que Vahid le fasse et réussisse là où ses prédécesseurs ont échoué. En sa qualité d’ancien attaquant et buteur dans un championnat de haut niveau et aussi avec une sélection qui était à son époque très forte (la Yougoslavie), le Bosniaque aura peut-être plus de chance de régler l’autre problème qui perdure, celui de l’attaque ou l’animation offensive.
4e étape : changer les habitudes et réinstaurer la discipline
Rien de ces étapes-là ne marcherait s’il n’y a pas une discipline dans le groupe et des barrières qui empêcheraient les joueurs de faire ce qu’ils veulent en sélection. Il n’y a pas un stage passé où on n’a pas remarqué des dépassements de la part de quelques joueurs. On a parlé des joueurs qui découchaient lors de chaque stage, d’autres qui choisissaient leurs matchs, des cadres qui immiscaient dans le travail du coach, d’autres qui jouaient parce qu’ils sont mondialistes ou anciens… Ces choses arrivent quand l’entraîneur manque de poigne ou quand il est faible de personnalité. Ce n’est pas le cas de Vahid. Ce dernier est connu pour être un coach qui pousse ses exigences à l’extrême, qui fait de la discipline et du respect son cheval de bataille. Le Bosniaque est aussi connu pour son excès d’intransigeance. Il établira un règlement intérieur. Tous les joueurs doivent le suivre et le respecter, sinon… ça sera la porte.
Source : competition.dz
(*) Le titre est de la rédaction