La vente des billets pour la rencontre de la finale de la Coupe d’Algérie a tourné hier à l’émeute. Incapable de répondre à la forte demande des fans de l’USMA et ceux du MCA venus en masse pour s’offrir le fameux sésame, trois guichets ouverts ont baissé pavillon seulement deux heures après leur ouverture.
Il était environ 11h lorsque les supporters ont appris avec beaucoup d’amertume la fermeture des points de vente. Furieux, ils ont exprimé leur colère à leur manière en commençant à saccager les lieux. Des scènes d’affrontements ont éclaté entre supporters et le service d’ordre. Une fois n’est pas coutume, les fans usmistes et mouloudéens se sont alliés pour la même “cause”. Les scènes d’émeutes ne se sont pas limitées aux alentours du stade.
EIles se sont propagées jusqu’à atteindre la route nationale, obligeant certains automobilistes, pris de panique, à rebrousser chemin et prendre la poudre d’escampette. L’autoroute menant vers El-Biar et Chéraga s’est transformée, l’espace d’une matinée, en une arène de combat entre les forces antiémeutes d’un côté et les supporters usmistes et mouloudéens de l’autre, créant une tension pesante.
Les balises de la route en béton armé ont été détruites et transformées en pierres qui ont servi à bombarder les policiers. Pis encore, les fans sont allés jusqu’à allumer le feu au niveau des panneaux publicitaires positionnés aux abords de la route. Ce qui a contraint les éléments de la Protection civile d’intervenir pour éteindre les flammes. Le spectacle était désolant à quelques jours d’une grande fête sportive, comme l’avait tenu à le signaler un supporter présent sur les lieux qui caressait l’espoir d’assister à cette finale historique. “Dommage qu’un match comme ça soit entaché déjà par des scènes qui n’honorent pas le football. Je suis venu pour acheter mon ticket le plus normalement du monde. Et je constate que j’ai failli laisser ma vie à cause de l’irresponsabilité de certains”, raconte Nacer 35 ans, employé dans une société privée qui regrette avoir fait le saut au temple olympique. Son ami Djamel pointe un doigt accusateur envers les responsables de l’OCO. “Pourquoi cette pagaille !
C’était prévisible que ce genre de scène allait avoir lieu car regrouper tout le monde ici s’est avéré une grave erreur. Comment voulez-vous éviter l’émeute alors qu’on nous a ouvert seulement trois guichets. Le comble est qu’on nous a promis d’en ouvrir 35 et on se retrouve à la fin avec seulement trois guichets ouverts”, fait-il savoir. Un calme plat est revenu vers 12h au temple du 5-Juillet.
Les dégâts occasionnés par ces scènes de violence étaient visibles : des pierres éparpillées un peu partout, des cordons sécuritaires en acier endommagés, des banderoles déchirées et des routes sérieusement endommagées. Comment on est-on arrivé là ?
BOUSCULADES ET AGRESSIONS À 8H DU MATIN
Tout a commencé hier matin. Il y avait foule hier à l’occasion de la vente des billets d’accès pour la grande finale de mercredi prochain qui opposera le MC Alger à l’USM Alger. Ils étaient des milliers de supporters présents tôt le matin au temple du 5-Juillet entassés devant les guichets de fortune mis à la disposition des fans mouloudéens et usmistes. Plus de 50 000 billets ont été mis en vente afin de satisfaire les deux galeries.
Toujours est-il que l’opération ne s’est pas déroulée dans de bonnes conditions , contrairement à ce que les responsables concernés avaient prévu pour ce rendezvous “choc”. En effet, une anarchie sans pareil a régné en début de matinée d’hier. Des scènes de violence et d’affrontements ont été constatées aux alentours de l’enceinte sportive du 5-Juillet pour acquérir le fameux sésame. L’ouverture de quelques guichets n’a pu contenir et satisfaire l’exigence des supporters contraints de faire une longue queue à plusieurs files.
Ce qui a créé une tension particulière entre les fans. Des scènes d’affrontements entre supporters mouloudéens et usmistes ont été même signalées. Pis encore, l’utilisation d’armes blanches a failli provoquer l’irréparable. Le tout devant un service d’ordre dépassé par les évènements. Les policiers chargés d’assurer cette opération se sont contentés de sécuriser les guichets et l’entrée du stade du 5-Juillet. Et vu la présence massive des fans qui ont assiégé les points de vente, le service d’ordre était obligé d’éloigner ceux qui ne pouvaient pas s’approcher des guichets.
Ce qui a créé, par la suite, quelques scènes d’émeutes en raison du mécontentement des acheteurs, lesquels ne comprenaient guère cette désorganisation indescriptible. “J’ai débarqué à 6h du matin. Il y avait tout de même du monde. Certains avaient même passé la nuit ici pour être servis en premier. Dès que les guichets ont ouvert, les jeunes ont envahi les lieux. Puis, s’ensuivront des scènes de bousculade entre supporters. Regardez-moi, je suis trempé en raison de la pluie.
Debout depuis 5 heures du matin, je viens à l’instant de sortir de cet enfer. Ça valait la peine car il s’agit d’une finale de Coupe d’Algérie”, témoigne Mohamed, un fervent supporter du MCA qui a assisté aux deux finales remportées par le Mouloudia en 2006 et 2007. Quelques mètres plus loin, un groupe de fans du même quartier, supporters des Rouge et Noir, racontent leurs déboires. “Le verbe organisé est banni de notre société. Arriver au point où on utilise des armes blanches pour s’offrir les tickets d’accès au stade pour assister à la finale, cela s’appelle la folie.
Je ne peux pas comprendre la raison ayant fait qu’on ouvre seulement un point de vente ici au 5-Juillet alors que cela aurait pu se faire dans d’autres endroits afin de faciliter la tâche à ceux qui désirent se déplacer au stade”, regrette Kamel. Celui-ci semble sous le choc, lui qui dit avoir assisté à une scène dramatique. “J’ai vu quelqu’un recevoir un coup de bâton. Il est tombé dans les pommes. Quelques instants après, une autre personne a perdu connaissance. Il ne pouvait plus respirer. Il a été transporté vers l’hôpital”, poursuit-il.
Un autre fan de l’USM Alger répondant au nom de Lotfi s’interroge sur la répartition équitable que les responsables de l’OCO ont promis de faire à l’occasion de cette finale. “On nous a promis 25 000 places réservées exclusivement aux Usmistes. Nous avons attendu au niveau du cercle du club la réception des tickets, en vain. On nous a orienté, par la suite, vers le stade du 5-Juillet pour pouvoir se les procurer”, dira-t-il sur un air dépité. Autrement dit, le premier venu a été servi et les retardataires n’avaient pas d’autre alternative que de recourir au marché noir.
LE MARCHÉ PARALLÈLE FAIT RAGE
L’on croyait que ce genre de pratique était révolu lors des grands rendez-vous footballistiques en présence d’un dispositif sécuritaire impressionnant déployé à l’occasion. Mais le marché noir a fait encore son apparition hier aux alentours du stade du 5-Juillet où plusieurs vendeurs à la sauvette ont mis en vente les billets qu’ils avaient achetés quelques heures auparavant au niveau des guichets. Le prix du billet varie entre 1 000 et 2 000 DA alors que sa valeur réelle ne dépasse pas les 300 DA. “J’ai préféré l’acheter ici à 1 500 DA que d’accomplir un parcours du combattant au risque de ma vie”, indique Boualem. Le prix des billets va doubler au marché parallèle compte tenu de la forte demande.
Certains prévoient que les billets vont atteindre les 3 000 voire 4 000 DA l’unité. Chaque supporter a bénéficié de cinq billets. Mais cela n’a pas empêché la vente des tickets sur le marché parallèle. Pis encore, on parle même de la vente des billets au niveau des guichets au prix de 600 DA au lieu de 300 DA. “Je peux vous certifier que cinq billets m’ont coûté la bagatelle de 3 000 DA, soit 600 DA l’unité. J’ai cru qu’il y avait erreur. J’ai demandé à un homme qui était à côté de moi, il m’a dit qui les avait payés au prix de 600 DA. Pourtant, j’ai lu dans la presse que l’OCO avait fixé le prix à 300 DA. Que doit-on comprendre par là”, s’interroge-t-il.
L’OCO S’EN LAVE LES MAINS
Dans une déclaration à la Radio nationale, le directeur de l’Office olympique du 5-Juillet, Kara a estimé que l’OCO ne pouvait répondre à la forte demande pour les billets d’accès à la finale de la Coupe d’Algérie. “Nous avons mis 35 guichets à la disposition du public. Le prix du billet a été fixé à 300 DA alors que chaque supporter pouvait au maximum s’offrir cinq billets”, a-t-il déclaré.Et d’ajouter : “Effectivement, il y avait beaucoup de monde, mais on ne pouvait pas satisfaire l’ensemble des présents car nous avons mis en vente 50 000 billets.” Pour rappel, le directeur de l’OCO avait indiqué que chaque club bénéficierait d’une quote-part équitable le jour de la vente des billets. Cette promesse n’a pas été tenue dans la mesure où le premier venu a été servi.
Lu sur : liberte-algerie.com