Des combattants syriens armés ont capturé, mercredi 6 mars, une vingtaine d’observateurs de l’ONU sur le plateau du Golan entre la Syrie et Israël. Les observateurs menaient une « mission ordinaire d’approvisionnement », a précisé un porte-parole de l’ONU, près d’un poste de la force chargée de l’observation du désengagement sur le Golan, la Fnuod, qui a été évacué la semaine dernière après de violents combats.
L’ONU n’a pas précisé la nationalité des observateurs, mais l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), ONG qui s’appuie sur un large réseau de militants et de médecins sur le terrain, a indiqué qu’ils étaient philippins. Le Conseil de sécurité a « condamné fermement » la capture, par des « membres armés de l’opposition syrienne », de ces observateurs, et « exigé leur libération immédiate et sans condition ». Le Conseil « demande à toutes les parties de coopérer » avec la Fnuod, afin d’assurer la « totale sécurité » de son personnel.
L’ONU a par ailleurs rappelé les risques que la crise en Syrie fait peser sur les pays voisins, notamment sur le Golan, où l’armée syrienne et des opposants armés ont à de nombreuses reprises procédé à des incursions et à des tirs dans la zone patrouillée par la Fnuod. Israël occupe depuis 1967 quelque 1 200 km2 du plateau du Golan qu’il a annexés en 1981, une décision que n’a jamais reconnue la communauté internationale. Environ 510 km2 du Golan restent sous contrôle syrien.
UN MILLION DE RÉFUGIÉS SYRIENS
Plus tôt dans la journée, le haut-commissaire aux réfugiés des Nations unies,Antonio Guterres, a estimé à un million le nombre de réfugiés syriens. « Avec un million de personnes en fuite, des millions de déplacés à l’intérieur du pays et des milliers de personnes traversant les frontières chaque jour, la Syrie est entrée dans la spirale d’une catastrophe absolue », a-t-il dit.
Le nombre de personnes fuyant la Syrie a augmenté « de façon dramatique » depuis le début de l’année, avec 400 000 réfugiés de plus. « Ils sont traumatisés, sans rien et ayant perdu des membres de leur famille, près de la moitié des réfugiés sont des enfants, en majorité âgés de moins de 11 ans », poursuit le HCR. Il y aura bientôt deux ans que le conflit syrien a éclaté, faisant plus de 70 000 morts selon l’ONU.
SOUTENIR LES PAYS D’ACCUEIL
Ils fuient vers le Liban, la Jordanie, la Turquie, l’Irak et l’Egypte et, de plus en plus, vers l’Afrique du Nord et l’Europe. « Ces pays doivent être salués pour leur engagement sans faille à garder leurs frontières ouvertes pour les réfugiés syriens, ils doivent aussi être massivement soutenus », souligne M. Gutteres.
Mais l’impact de ces flots de réfugiés sur les pays d’accueil est « sévère », estime le HCR. La population du Liban a ainsi augmenté de 10 %, les services d’énergie, d’eau, de santé et d’éducation en Jordanie sont employés à leur limite. La Turquie a dépensé plus de 600 millions de dollars pour installer dix-sept camps d’accueil et d’autres sont en construction. L’Irak, confronté à ses propres difficultés, a accueilli plus de 100 000 Syriens.
Le HCR, qui en décembre estimait que le nombre de réfugiés atteindrait 1,1 million à la fin juin 2013, déclare qu’il va revoir ses chiffres à la hausse. « Nous faisons tout ce que nous pouvons pour aider, mais la réponse humanitaire atteint dangereusement ses limites. Cette tragédie doit être arrêtée », a encore dit M. Gutteres qui doit se rendre en fin de semaine en Turquie, Jordanie et Liban. Le financement de l’aide planifiée n’est à ce jour assuré qu’à 25 %, note le HCR.