Dangereuse escalade des populismes : le roi voisin s’attaque à l’emblème du pays, au pays on mobilise des foules près du consulat marocain à Oran et dans les rues de la région. Ce samedi, aux balcons de la ville, la fièvre du drapeau est encore visible : on l’accroche comme après un match mais le match n’est pas encore fini. Et après cette histoire ? Car c’est la question. Car il y a désormais dangereuses manipulations des populismes. Bouteflika, né à Oujda le fera oublier, et fera oublier son état de santé, sa chaise roulante, son AVC, son frère, sa prétention au mandat à vie à contre-courant de l’histoire, sa conception féodale de la liberté selon lui, ses hommes de mains, ses ministres de services et sa manipulation de la constitution, son Chakib Khelil et ses dossiers et les scandales de la corruption et son chantage à la stabilité et son Saadani. C’est l’usage que l’on fera chez nous de cette histoire.
Chez le voisin, cela ne nous importe pas. Lui aussi fera oublier son marasme, ses grâces à un pédophile, ses impasses, son manque de consistance et son échec à réduire en poussière et baisemains l’opposition jeune et vivace du peuple marocain. Car nous, peuples du Maghreb on n’y gagnera rien, on se fait manipuler et on construira de la colère au lieu de construire des pays. Dans quelques mois, ils vont s’embrasser, l’un félicitera l’autre pour sa réélection et le second le fera au premier pour son trône. Et on sera les chameliers de la farce. Ceci dans le meilleur des cas. Dans le pire, cette haine qui monte sera le prétexte à de plus profondes divisions, l’amorce de lointaines guerres à venir, le signe de l’impossibilité du vivre ensemble et de la solidarité après la décolonisation. Le populisme est une matière dangereuse, inflammable, que l’on ne doit pas manipuler, toucher ou provoquer ou approcher du feu ou laisser à des TV de sbires chez nous et chez ce Roi Malade. Cela ne sert à rien qu’à plus de haine et de colère et de violence. Nous ne gagnerons rien à cela. Rien de rien, même si aimer son pays est aussi défendre son drapeau et même si répondre à l’insulte « refroidi » le cœur. Il faut se souvenir de l’essentiel : dans cette histoire, c’est encore Oujda contre Rabat, pas l’Algérie contre le Maroc.