La semaine politique de Kamel DAOUD
Sahel ? Sellal ? A peine. Le premier sujet intéresse peu les Algériens. Le second est épuisé, sauf rebondissements. L’actualité nationale manque de libido ces jours-ci, autant donc chercher ailleurs. Un fait ? Un accord entre les ministères du tourisme algérien et tunisien pour promouvoir le tourisme entre les deux pays, dans les deux sens, cette semaine.
Pour le moment, on comprend pourquoi plus de 700.000 Algériens vont au pays voisin : offres, services, all inclusif, zone off-shore de paix et de plage. En face, l’Algérie n’offre presque rien aux Algériens sauf des élections, des mosquées, des plages « hallalisés » et la chasse aux couples ou aux rires. Maintenant la question est : que peuvent venir chercher les Tunisiens ici en Algérie en matière de tourisme et de détente ? On parle, sur papier, de tourisme combiné avec circuits Sahariens, le Sahara de l’Algérie étant vaste et vierge. Sauf qu’il est aussi fermé, interdit, peu contrôlé. Donc on peu se reposer la question et se demander que peuvent venir chercher des tunisiens en Algérien.
La réponse n’est pas à chercher dans les catalogues mais ailleurs : le post-islamisme, la « sécurité » relative de l’investissement et la stabilité, selon le catalogue officiel presque. Ô mystère et ironie du sort. « Il y a quelques années, les diplomates mutés vers l’Algérie accueillaient la nouvelle avec le soupir de la consternation. Aujourd’hui la destination diplomatique algérienne est presque une faveur » expliquait, avec ironie, lors d’un diner un ambassadeur d’une puissance étrangère à l’auteur de ces lignes. Avec le rire et le sourire bien sur. Un autre ami, homme d’affaire dans le secteur de l’hôtellerie fera part, à l’auteur là aussi, de sa décision de laisser la gestion de son parc et de ses investissements à des hauts cadres tunisiens, importés pour leur savoir-faire. « Ils souffrent là-bas, ils ont peur, doutent un peu de l’avenir du tourisme et préfèrent voir ailleurs dès maintenant ». C’est donc à ce niveau qu’il faut chercher réponse à la question : les Tunisiens, les classes d’affaires et les élites du know-how peuvent être tentés par la destination Algérie pour des raisons d’argent et de marchés et d’emploi.
L’Algérie pays stable après deux décennies de travel-warning et d’alertes occidentales ? Relativisons mais admettons, disent les « observateurs ». Pour le moment le pays offre l’exemple incertain et troublant d’un pays qui est soit dans le post-islamisme, soit dan la pré-révolution. On ne sait pas si l’explosion est à dater d’octobre 88 ou de décembre 2014. C’est la donne islamiste et celle de l’ouverture démocratique réelle qui importent. Hillary Clinton a bien salué l’essentiel à ses yeux : la promptitude algérienne à protéger l’ambassade US à Alger « et pour désamorcer les tensions dans des rues » selon les propos rapportés par la presse cette semaine. Et tout le monde sait que l’Algérie exporte deux grands produits au reste du monde : le pétrole et sa coopération anti-terroriste. En terme d’idée : sa révolution 54 et sa contre révolution islamiste 90. Donc Algérie destination de la stabilité et de la vie après la mort du FIS ? Avec beaucoup de précautions et de réserves dans le jugement : le Régime chez nous est encore fort et riche : il a clientélisé les islamistes mais les islamistes avancent en rampant, dans la conquête horizontale du peuple. Par effet de contraste, nous sommes devenus une république face aux califats des pays voisins. C’est une chance ou seulement une illusion ? Le débat est ouvert.