La Pakistanisation, qu’est-ce que c’est ? C’est un peu la situation d’un pays qui est forcé d’être une caserne d’arrière-garde pour une guerre d’avant-garde. Cela se passe au Pakistan, entre les USA, l’Occident, l’Afghanistan, El Qaïda et l’Inde. La situation d’un pays réduit au statut de pépinière explosive de casernes, drones, « services », cellules, coup d’Etat et collaborations, ISI et kamikazes. Un pays qui trouve sa légitimité dans son utilité « internationale » et sa rente géostratégique. Autant que l’Algérie et sa doctrine d’exportation de sa coopération anti-terroriste. « L’Algérie incontournable », comme a dit Clinton, comme a dit l’Occident, comme a dit le monde post 11 septembre.
Pour être « Pakistanisé », il faut deux ou trois conditions : avoir un Afghanistan dans les parages ou dans le dos, une puissance étrangère en tuteur ou en parrain ou en attente dans le ciel, des groupes terroristes Djihadistes islamistes, et un Etat effronté en pleine débâcle de contre-courant au centralisme néo-colonisaliste. C’est notre cas donc : des Djihadistes El Qaïda dans le flanc, un Mali en plein effondrement, une Algérie, au nord, surarmée et dans l’attente d’un soutien international pour contrer les menaces de révolutions locales. A la fin, on aura ce que d’autres ont eu : la pakistanisation. Une élite oligarchique riche, un ou dix généraux dotés de visions mystiques boiteuses et d’ambitions ridiculement disproportionnées, des militaires soumis à la doctrine du tutorat, de la bourgeoisie addict à la rente et de plèbe endoctrinée au conservatisme. La pakistanisation suppose aussi un Etat faible quais inexistant, un régime autoritaire, des services infiltrés par tous, des islamistes enragés et une situation de paupérisation accentuée de la plèbe.
L’avenir ? La France attaque le Malistan au nom du Mali et c’est une guerre ouverte. L’Algérie est obligée de jouer la collaboration ou la fausse neutralité par souci d’équilibres internes face à sa propre plèbe et par urgence de soutiens externes. On y verra émerger des généraux agités et une talibanisation des périphéries agitées, selon les pires scénarios. La Tunisie en sera le Sri-Lanka. Le Maroc ? L’Inde mais en plus petit et plus sournois et avec la RASD en Cachemire. La Libye ? Un trou noir. Le Mali ? Un Afghanistan avec un Karzaï frenchy à Bamako.
C’est donc le gros évènement du jour : la guerre a commencé dans le dos de l’Algérie, à notre sud et au nord du Mali. Elle prendra des années et aura de lourdes conséquences : de la Présidence au panier de chacun. Sans exagérations car l’avenir le prouvera. Les Etats trop centralistes, post-décolonisés, n’ont plus d’avenir que par la réforme ou la débâcle.