1er Novembre : où est le « héros » ?

Redaction

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« Un seul héros, le peuple ». Cette devise a façonné notre imaginaire, nous les Algériens, d’une année à une autre, d’une génération à une autre, d’une époque à une autre. Immortalisé par le photographe Marc Riboud, ce slogan, citation, phrase, a transcendé les frontières de la géographie. Elle a fait connaître le combat de nos parents et grands-parents dans le monde entier. La photo de cette inscription murale s’est transformée au fil des années en un principe révolutionnaire  qui a inspiré de nombreux peuples sur cette terre. 

« Un seul héros, le peuple ». L’Algérien qui a écrit avec ses tripes cette phrase sur un mur de la Casbah est-il encore vivant ? Non, ne lui souhaitons pas ce supplice car l’Algérie d’aujourd’hui n’a absolument rien à avoir avec l’Algérie pour laquelle il s’est battu, sacrifié et a jeté sa rage esthétique sur un mur isolé. 59 ans après,  l’Algérie indépendante respire le pétrole, le dollar, les voitures neuves, les villas luxueuses, les routes asphaltées et les bazars pleins de produits importés du monde entier. 59 ans après, l’Algérie indépendante ne respire pas les libertés publiques, la citoyenneté émancipée, la séparation des pouvoirs, la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion des affaires publiques. Oui, il faut être fier d’être Algérien. Il faut être fier de porter ces idéaux révolutionnaires dans son for intérieur.

Il faut certainement être fier de son passé, de son parcours et de cette immense victoire contre le colonialisme abject. Mais l’histoire est-il fait uniquement de fierté ? Est-il simple éternelle commémoration ? Non ! L’Algérie de 2013 a besoin d’un nouveau héros, d’un nouveau peuple capable, lui aussi, d’écrire son destin et de libérer la patrie de la corruption, du sous-développement, des inégalités sociales et des abus de pouvoir. Un seul héros. Il suffit qu’un seul héros élève le voix, ose dire non, faire preuve de courage, et tout ce gâchis finira par disparaître. L’Algérie des cités AADL, des subventions publiques, des marchés informels, des espaces publics verrouillés et interdits aux manifestants pacifiques, de la tchipa et de la hogra, cette Algérie a besoin aussi de son 1er novembre. Cette Algérie là ne reflète pas l’appel du 1er novembre. Elle n’incarne pas son esprit ni ses idéaux. Un seul héros, le peuple.

Le peuple algérien existe toujours. Mais le héros n’est plus. Il est décédé avec nos glorieux martyrs qui, heureusement, ont tiré leur révérence après nous avoir offert la liberté et l’Indépendance. Une liberté qui demande, à nouveau, à être défendue contre l’arbitraire. Une indépendance qui réclame d’être protégée aujourd’hui contre les prédateurs et les mafieux en tous genres.

« L’histoire doit maintenir vivante la vie », disait l’historien espagnol Americo Castro. Notre histoire à nous les Algériens n’a pas réussi à maintenir en vie nos valeurs, sacrifices et notre éthique. Il est temps que le « héros » se réveille pour qu’il devienne vraiment le « seul » acteur du changement tant attendu.