Plus qu’une leçon sportive, la qualification de l’Algérie à la Coupe du Monde est d’abord, et surtout, une leçon politique.
Ainsi, 2014 sera une année inoubliable pour les Algériens. Une année forte en émotions. 2014, l’année où l’Algérie a arraché avec tant de bravoure sa qualification à la Coupe du monde organisée au Brésil. Après l’épopée de 2009 et le fameux match à Oum Derman, la victoire des Fennecs contre le Burkina Faso dans le match barrage pour la phase finale de la Coupe du Monde 2014, restera gravée à jamais dans la mémoire de nos concitoyens. De cette aventure qui a mené la bande de Bougherra au Brésil, on retiendra à jamais ces moments de liesse, de communion, de joie extrême, d’exceptionnelles poussées d’adrénaline et d’hystérie collective qui ont libéré pour de bon l’Algérie de sa sinistrose habituelle.
L’Algérie est revenue sur le devant de la scène mondiale grâce à ces performances footballistiques qui l’ont propulsée au Top 40 des meilleures équipes au monde. Combatifs, volontaires, passionnés, fougueux, solidaires, professionnels, les Fennecs ont donné aux Algériens une belle leçon de force mentale et de volonté dont ils pourront s’inspirer pour mettre la main dans la main et développer ensemble ce pays rongé par la mauvaise gouvernance. C’est peut-être «trop exagéré» d’extrapoler à partir d’une simple victoire lors d’un match de foot, mais «l’Algérie qui gagne» que les Fennecs nous ont offerte sur un plateau en or, a bel et bien sonné le glas de cette Algérie triste, effrayante, violente, peureuse et perdante. Les Verts ont donné naissance à une nouvelle Algérie. Reste à savoir si leur œuvre sera achevée par les politiciens dans le camp duquel la balle se retrouve désormais.
Le Mondial ne procure pas uniquement des sensations fortes aux supporters. Cette compétition internationale prestigieuse permet à l’Algérie de revenir sur les écrans des télévisions du monde entier après un isolement qui a duré plus d’une décennie. Il faut dire que les chaînes du monde entier braqueront leurs projecteurs sur le Brésil qui se prépare à accueillir le plus important rendez-vous sportif de la planète. L’Algérie, de retour après une vingtaine d’années d’absence dans cette prestigieuse compétition, est sous les feux de la rampe. De nombreux médias étrangers ont consacré à notre pays des émissions. A ce propos, la couverture médiatique de la grande chaîne qatarie Al Jazeera frappe les esprits au regard de l’importance des moyens mobilisés dans ce cadre. Forte de son budget énorme, elle ne manquera pas d’accompagner les Verts durant tout leur séjour au Brésil. Une délégation conduite par le célèbre commentateur algérien Hafid Derradji, épaulé par des dizaines de reporters, mettra certainement en lumière chaque jour le travail de préparation des Fennecs et leur quotidien dans ce Mondial brésilien de l’histoire. A cela viendront s’ajouter plusieurs émissions sportives animées par des célébrités du football algérien, lesquels analyseront les matches des Verts et donneront leur diagnostic en direct des plateaux à partir du Brésil.
Cette médiatisation redorera le blason d’un pays naguère en proie aux violences civiles et à l’instabilité. L’Algérie redevient donc fréquentable grâce au foot. Ce que nos dirigeants ont échoué à faire, un simple ballon rond et 11 bonhommes sur un terrain gazonné ont pu le réaliser. Elle redevient un pays à connaître et à découvrir alors qu’il demeurait pendant de longues années un pays à éviter. Au moment où tous les pays arabes sont livrés à l’anarchie qu’impose une délicate période de transition, l’Algérie sera le seul pays arabe qui fera parler de lui au Mondial brésilien. Certes, un pays dirigé par un régime vieillissant et contesté, mais aussi un pays où la jeunesse pétille et excelle. Stade ultime de la mondialisation comme le disait le politologue et expert français Pascal Boniface, le football a permis à l’Algérie de s’imposer sur le plan international.
Preuve en est, des chaînes de télévision orientales et occidentales braqueront leurs projecteurs sur notre pays qui ne les intéressait guère il y a de cela quelques années. Ainsi, MBC, Dubai Sport et Abu Dhabi Sport commencent d’ores et déjà à élaborer des émissions spéciales au cours desquelles des reportages sur l’ambiance du Mondial seront diffusés chaque soir. Inutile de dire que l’Algérie occupe une grande place dans cette couverture médiatique de ce Mondial assurée par ces chaînes arabophones très populaires dans le monde arabe. Les rencontres des Verts seront décortiquées par d’éminents spécialistes le soir de chaque match.
L’Algérie sera traitée en vedette dans les médias français. TF1 médiatisera les matches de l’Algérie et réalisera également de nombreux reportages sur l’ambiance caractérisant la participation de l’Algérie au Mondial. Canal+ ne restera pas inoffensive dans ce domaine car le bouquet satellitaire français, qui compte beaucoup de fidèles en Algérie, et ailleurs dans le monde francophone, diffusera en principe tous les matchs du Mondial. Des stars adulées dans le monde analyseront les matchs de l’équipe nationale. N’est-ce pas là une belle vitrine pour l’Algérie ? C’est dire enfin que la folie du Mondial a permis à l’Algérie de revenir sur le devant de la scène, mais cette fois-ci sous une toison bien dorée et loin des clichés politiques péjoratifs véhiculés à tort et à travers des années durant. Le foot ne devrait-il donc pas inspirer nos dirigeants ? Au lieu de tenter de la récupérer par des basses manœuvres politiques, nos gouvernants feraient mieux de marcher sur les pas de notre équipe nationale car, pour l’heure, un simple ballon rond est plus utile que tout un gouvernement…