Le changement dans la continuité, voilà une constante bien arabe, particulièrement sur la question de la relève politique.
Ainsi, le 12 novembre dernier, le parlement algérien a adopté massivement la loi initiée par le président Bouteflika, qui permettra de bricoler l’article de la Constitution qui limite la durée de la présidence algérienne à deux mandats de cinq ans. Du coup, un grand boulevard est offert à notre raïs pour rempiler un troisième mandat voire plus, jusqu’à ce que mort s’en suive. En la matière, Bouteflika n’innove aucunement, il ne fait qu’importer en Algérie (d’ailleurs qu’est ce que l’on n’importe pas dans ce pays ? le bon sens certainement) la tendance monarchiste du monde arabe moyen oriental et sur laquelle se calque désormais notre Maghreb « républicain ». Tant et si bien, que Khadafi prépare Seif El islam, son fils à sa succession en Lybie, à l’instar de Moubarak en Egypte qui met en avant Gamel Abdel Nasser le digne rejeton de son géniteur, ou encore, de Benali, le président à vie en Tunisie. Au royaume Chérifien, c’est clair, le pouvoir est une affaire d’héritage et de sang « souverain », nul besoin donc de s’interroger sur l’avenir.
En Algérie, il a été question, à un certain moment, que Bouteflika consulte le peuple pour modifier la Constitution. Mais la douche froide des dernières élections législatives, marquées par un score record d’abstention, a donné à réfléchir à notre président, conscient que sa verve populiste a perdu de sa « magie » des temps de grâce.
In fine, il a opté pour la carte du parlement, qui après tout, est censé représenter le peuple, mais uniquement sur le papier ; la réalité étant que nos députés ne représentent, pour la majorité, que leurs propres intérêts et ceux du cercle fermé de leurs proches et amis. Le peuple, ils n’en ont cure, et ce dernier, le leur rend bien, puisque sur sa confiance ils ne peuvent point compter. Le divorce est consommé depuis belle lurette. 500 de nos vaillants députés, levèrent les mains, ce 12 novembre mémorable et lancèrent en chœur « Avé Bouteflika tibi ferebunt suffragium te salutant », ce qui signifie « Salut Bouteflika ceux qui vont voter pour toi, te saluent ». Pendant ce temps, dans la rue, la vox populi criait, elle, bohème : famine. Cherchez l’erreur.
Fayçal Anseur
(*) « Salut Bouteflika, ceux qui ne vont pas voter pour toi, te saluent »