Abdelaziz Bouteflika est enfin revenu ! C’est la Présidence de la République qui le confirme. L’ENTV a diffusé une vidéo qui montre bel et bien Bouteflika en train de descendre de son avion présidentiel à l’aéroport militaire de Boufarik dans la banlieue d’Alger. Ce n’est donc plus une rumeur.
Cette fois-ci, c’est une information confirmée et officielle qui a été communiquée aux Algériens. Après plus de 80 jours d’absence, Abdelaziz Bouteflika regagne ainsi son pays qu’il a abandonné à l’incertitude durant toute cette période où les Algériens n’ont pas cessé de se lancer dans les spéculations les plus affolantes au regard du vide politique et des dysfonctionnements occasionnés par l’absence de leur Premier Magistrat. Des spéculations qui ne risquent pas de s’estomper pour autant car le communiqué de la Présidence de la République ne rassure guère nos concitoyens. Il est dit clairement que Bouteflika « poursuivra une période de repos et de rééducation » en Algérie. C’est dire que son état de santé ne s’est pas amélioré de manière nette et claire, comme nos ministres du gouvernement ne cessent pas de le dire et le répéter. Plus grave encore, la magistrature suprême risque d’être délaissée encore dans les jours à venir puisque Bouteflika est appelée à se reposer pendant une autre période qui n’a nullement été déterminée ou précisée. Pendant ce temps là, l’Algérie cherche toujours à retrouver « sa stabilité fonctionnelle ». Le pays demeure paralysé et de nombreux grands chantiers, économiques notamment, sont retardés. Pouvoir d’achat des Algériens, création de l’emploi, investissement industriel, diversification de l’économie, 3 G et développement des nouvelles technologies, toutes ces questions et d’autres encore sont en suspens à cause de l’opacité qui entoure le centre décisionnel au sommet de l’Etat algérien. En l’absence de Bouteflika, les Algériens ont bien remarqué que la mécanique lourde de leur Etat est dramatiquement rouillée au moment où leur pays fait face à de grands défis. L’Algérie, un pays qui cherche à se gouverner coûte que coûte sans un Chef en bonne santé et présent tout le temps pour veiller à l’application d’un programme de développement tracé dans la concertation et le dialogue. La voila la vérité qui nous parvient de ce retour que certains cherchent à nous présenter comme étant « providentiel ».
Abdelaziz Bouteflika a peut-être achevé « la période de soins et de réadaptation fonctionnelle ». Mais est-il réellement apte à mener l’Algérie, ce bateau qui tangue, à bon port ? A cette question, aucun communiqué de la Présidence de la République n’a tenté d’y répondre. Ni Abdelmalek Sellal ni aucun autre ministre de son gouvernement n’ont eu la franchise et le courage de plancher sur cette problématique. Les autres partis politiques polémiquent, dénoncent, mais ne construisent aucune alternative crédible et sérieuse. La société civile, victime de son déchirement, se contente, elle aussi, de commenter et de réagir. Et au sommet de la pyramide, la succession de Bouteflika, on la laisse confinée dans les salons et les boudoirs. L’avenir de l’Algérie, on le laisse, lui, entre les mains des artificiers amateurs qui nous préparent un spectacle fatal. Quant aux spectateurs, les Algériens lambda, ils en ont marre d’assister continuellement à cette farce qui n’en finit plus.