Chakib Khelil : même pas peur !

Redaction

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A n’en point douter, Chakib Khelil est une équation à plusieurs inconnues. Sa trajectoire, son parcours, son destin symbolisent par excellence les méandres obscurs du sérail algérien. Chakib Khelil, c’est plus qu’un ancien ministre. C’est toute une énigme que la Justice italienne cherche depuis des mois à résoudre. Cet homme, autour duquel ont transité des pots-de-vin aux montants faramineux, est présenté comme l’un des piliers du système de corruption qui permet aux dignitaires du régime de piquer discrètement des sous de la tirelire pétrolière de l’Algérie.

Mais comme tous les gens puissants, Chakib Khelil a aussi son talent d’Achille. Le personnage connaît en ce moment sa disgrâce et son nom est traîné dans la boue alors qu’auparavant, son travail à la tête du secteur pétrolier en Algérie faisait de lui l’un des ministres les plus distingués de l’OPEP. Exilé aux Etats-Unis selon plusieurs sources concordantes, Chakib Khelil est aujourd’hui réclamé par la Justice algérienne et, demain certainement, la justice italienne dont l’enquête sur les affaires louches de Saipem en Algérie ne cesse d’évoluer.

La justice algérienne finira-t-elle par lui mettre la main dessus ? Sous d’autres cieux, cette question aurait obsédé jour et nuit les esprits des citoyens qui rêvent d’un Etat de droit infaillible et exemplaire. Mais en Algérie, ce rêve n’est pas permis. L’espoir d’un procès équitable ne nourrit aucune âme affamée. Les Algériens sont presque tous persuadés d’une chose : « ce mandat d’arrêt international est une arnaque » !  Vrai ou faux, peu importe. Ce qui compte, c’est ce scepticisme général qui anime les Algériens. Un scepticisme dont les origines remontent jusqu’à cet abcès qui ronge notre Etat jusqu’à la moelle. Un abcès qui porte un nom terrifiant : la corruption.

Les corrompus peuvent-ils juger d’autres corrompus ? La voila la véritable question qui revient sur toutes les lèvres en Algérie. Comment croire  le Procureur général près la Cour d’Alger, Belkacem Zeghmati lorsque ce dernier ne bouge pas le petit doigt face à des scandales de corruption beaucoup plus petits que l’incroyable affaire Sonatrach ? Et pourtant, ce procureur persiste et signe : la justice algérienne ira jusqu’au de son action pour arrêter les véritables acteurs du scandale Saipem-Sonatrach. Belkacem Zeghmati  affirme même que « la thèse qui prétend que la Justice algérienne n’a engagé de procédure judiciaire autour de ce dossier, qu’après la mobilisation de la justice internationale, particulièrement la justice italienne, est dénuée de tout fondement ».

Le procureur de la Cour d’Alger a révélé également que les enquêtes de la justice algérienne ont dévoilé « l’existence d’un véritable réseau international de corruption dont les ramifications s’étendent à quatre continents » Notre justice enquête donc et ne dort pas sur ses lauriers. Mais puisque les enquêtes ont mené vers des pistes aussi déterminantes, pourquoi avoir attendu tout ce temps-là pour réagir ? Belkacem Zeghmati n’a fourni aucune explication convaincante aux personnes qui doutent de la sincérité de la démarche de note justice. Et Chakib Khelil est le premier qui ne croit pas à cette chasse aux sorcières enclenchée par notre appareil judiciaire.

Lundi, il a fait savoir, pour sa première déclaration à la presse depuis le début de ce scandale pleins de rebondissements, qu’il n’a reçu aucune notification prouvant qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. En plus, il se dit surpris par cette mesure et crie haut et fort son innocence. Il n’a fait signe d’aucune crainte, inquiétude ou quelconque peur. « Pourquoi devrait-il avoir peur ? Il a la nationalité américaine », ont ironisé les internautes algériens à la suite de cette sortie médiatique inattendue de l’ancien ministre de l’Energie et des Mines. Et quelques fois l’ironie contient énormément de vérité. L’ironie nous fait rire lorsque la vérité nous fait pleurer…