En Algérie, on parle encore de la féminité comme d’une maladie

Redaction

Les années passent, le temps s’écoule, le monde change, l’univers évolue, mais l’Algérie maintient toujours les mêmes mauvaises habitudes. Les Algériens, ce peule qui jouit d’une grande histoire, d’une magnifique géographie, d’une nature enchanteresse, conservent tout de même une philosophie en total décalage avec les progrès et avancées de l’humanité. 

Sinon comment expliquer que tout ce qui constitue la féminité, dans notre culture, nous les Algériens, dans nos traditions, est faite d’interdits, d’éléments négatifs. A nos femmes, on nous enseigne à ne pas faire beaucoup plus qu’à faire. A nos filles, on apprend d’abord la méfiance, la peur, la crainte permanente, l’inconfort du doute, l’inutilité de réfléchir sur la vie, l’importance de l’obéissance, la soumission aux us et coutumes. Nos femmes, on leur parle rarement de droits, de liberté, de jouissance, de fantasmes, d’amour, de passion. Non, tout cela est tabou, Haram, interdit et à ne pas recommander.

Mais nous sommes tous volubiles avec nos femmes dès qu’il s’agit  de devoirs, de respect de la tradition ancestrale, d’obligations familiales, de pudeur, virginité sacrée, de restrictions liberticides mais salutaires pour leur dignité. Oui, la dignité de la femme, c’est toujours l’homme algérien qui en sait quelque chose. C’est lui le baromètre de bonnes valeurs. C’est lui le dépositaire de la vérité sur la femme, sa congénère à laquelle il doit tout, mais ne fait rien pour lui permettre de vivre pleinement sa pureté, sa liberté. Le récit de cette jeune femme, devenue une mère célibataire après avoir croqué innocemment à l’amour,  publié par nos soins, prouve on ne peut mieux que la femme, son corps et son âme, demeurent l’objet de la honte publique. Cette croyance, presque sacralisée, est encore ancrée dans les esprits de nos pères, frères et amis, brefs compatriotes. Qu’attendre donc d’une société composée d’hommes dont la seule référence morale est la honte ? Certainement pas beaucoup de chose. Cette jeune fille qui tombe enceinte, sans être mariée, comble du sacrilège, a vécu le plus terrible cauchemar. Elle a assisté au procès de sa féminité. Oui, tu es coupable non parce que tu as couché avec un garçon ou déshonoré le serment de ta virginité. Non, tu es d’abord coupable parce que tu es féminine. Féminine par ta sensibilité, ta douceur et ton rapport raffiné avec l’amour, et par là le monde dans ce qu’il a de plus profond et abyssal. Parce que tu es féminine, et donc perméable à l’émotion, le cœur de la vie, tu dois être jugée, diabolisée et rejetée.

La féminité est une maladie. C’est comme ça qu’elle est encore considérée en Algérie. A partir du moment où elle alimente la honte et la culpabilité, elle est un péché. Du coup, quand on viole une femme, c’est naturellement le tort de la femme. C’est elle qui a suscité le désir animalier de son bourreau. Quand on frappe une femme, c’est aussi son tort puisqu’elle doit toujours désobéir, jamais dire non. Si on répudie une femme, c’est également son tort car elle n’a pas honoré ses devoirs conjugaux. Finalement, l’Algérien ne méprise pas la femme. Il n’aime tout simplement pas sa féminité. Il toujours la préférence à la femme, qu’il conçoit comme objet lui appartenant de droit, sur sa féminité. Mais cela ne saura trop durer car il a tort de croire que la passivité est l’attribut éternel de la féminité…

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