La démon-cratie

Redaction

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Le juste milieu n’est pas l’apanage de notre siècle ; nous perdons l’équilibre en permanence et nos repaires sont floués. Mal à l’aise que nous sommes devenus, nous nous efforçons à camper plus que jamais, ostensiblement et sans le recul nécessaire, sur nos héritages du passé : cultuels, culturels, politiques, idéologiques. A tel point que le monde est devenu un patchwork de communautés bigarrées. Ceci n’est pas un problème, pensons-nous ; au contraire c’est une richesse. Bien sûr que oui. Dire le contraire serait nier le droit à la différence à l’autre

Mais là où le bat blesse c’est que ce sont des communautés fanatisées, fâchées, séparées, adeptes du dialogue de sourd et qui se forment au gré des humeurs et des peurs. Chaque communauté tire de son côté, se recroqueville sur elle-même, s’autoproclame détentrice de la vérité vraie, rechigne à écouter l’autre et glisse consciemment ou inconsciemment vers l’extrême, le dernier pas avant de basculer dans la violence.

Y a -t-il un remède à ce malaise ? La religion ? Opium des peuples disait Marx.
Aussi, avait-il raison dans ce cas de figure où la religion telle une drogue concoure, a contrario de son essence, à embrouiller les esprits au lieu de les éveiller.
Les musulmans, les chrétiens et les juifs adorent le même Dieu, mais dans le même temps obéissent paradoxalement à leurs propres démons.
Les textes sacrés, une fois entre les mains des hommes, changent de sens. Au lieu de promouvoir la paix, ils font l’apologie de la guerre ; la compassion cède la place aux condamnations ; l’amour est dévoré par les feux de la haine ; le chaos est prôné comme le sacrifice nécessaire pour retrouver le salut et le « Messie ».
Étrange conception des choses, dangereuse vision du monde !

Une fois Dieu relégué aux calendes grecques, l’homme a conçu sa propre sagesse en substitution à la sagesse céleste. C’est dans l’intelligence humaine que se cache la lumière, conclut-on. Mais est-ce plausible ? Et quel est le fruit de cette sagesse affranchie du sacré ?

La démocratie ? Ah la démocratie !

Noble utopie qui au départ était censée libérer l’homme en élevant son esprit, mais qui par la suite a fini pervertie par les falsificateurs et sacrifiée sur l’autel de la realpolitik, et de l’expansionnisme impérial

La démocratie est devenue l’oripeau des businessmen sans scrupule, qui leur permet d’envahir des pays, pour asservir les populations et spolier leurs richesses… Cette démocratie là est devenue la morphine des peuples, et la Morphée des consciences, à laquelle ne peuvent résister que les esprits lucides et dépourvus de considérations préfabriquées, inculquées par les médias intéressés.

La démocratie qui autorise le droit d’ingérence, cher au French doctor Kouchner et aux néocons, afin d’occuper de nouvelles contrées et d’étendre le pouvoir impérial américain, n’a de démocratie que le nom.

La démocratie est avant tout une posture philosophique et politique, un état d’esprit. Mais quel est le pouvoir auquel pourrait prétendre aujourd’hui la politique, puisque les grandes décisions dans ce monde se font en adéquation avec les intérêts financiers des grands industriels, en premier chef desquels le cartel du pétrole et les fabricants d’armes ?

Nous évoluons dans l’ère de la finance, c’est elle qui fait la pluie et le beau temps ; la politique quant à elle est de moins en moins efficiente. Elle est devenue une histoire de littérature et de théâtre populiste.

Depuis toujours, l’argent est le nerf de la guerre. Il est devenu à présent le despote absolu. L’argent roi n’aime ni la paix ni Dieu, ni la sagesse des hommes justes. Il se nourrit du sang des peuples ; il corromps les esprits ; sème le trouble et divise pour mieux se multiplier.

Il a ses maîtres qui sont devenus ses esclaves et les nouveaux gourous de la secte du profit. Ce sont ces gens là qu’il faut clouer au pilori. Ce sont les véritables coupables. C’est l’homme doit mener un nouveau combat pour sa liberté, alors ce sont ces gens là qu’il doit combattre… C’est un combat collectif, où nous lutterons ensemble, ou nous périrons chacun de son côté. Au plus grand bonheur des démon-crates.

Fayçal Anseur

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