La justice algérienne, une mascarade qui fait pleurer

Redaction

Sévère avec les défenseurs des droits de l’homme et les militants de la démocratie, mais clémente avec les voleurs, les violeurs et les auteurs des crimes crapuleux. Voici la réalité amère à laquelle nous expose nos juges, juristes et procureurs. Ces dernières semaines, les procès de nombreuses affaires criminelles se sont soldés par des verdicts étonnants. Des verdicts qui n’ont pas manqué de susciter l’indignation de ces Algériens lesquels ne comprennent plus la logique qui régit les tribunaux de leur pays.

Des tribunaux transformés en théâtre de mauvais goût avec ces mascarades judiciaires où la bouffonnerie se mêle à l’extravagance afin de produire des spectacles juridiques dignes de la comédie burlesque. Preuve en est, le principal accusé dans l’affaire d’atteinte aux mœurs jugée durant deux jours au tribunal d’Annaba,  Henri-Antoine Jean-Michel Baroche (67 ans), a été condamné vendredi à une peine de sept 7 ans de prison ferme et au paiement d’une amende de 200.000 dinars. Une peine presque symbolique au regard de la gravité des faits qui lui ont été reprochés. En effet, cet homme d’affaires français a été jugé, lui et plusieurs autres de ses acolytes algériens, coupable de « viol »,  « détournement de mineures », « production, diffusion et commercialisation de films pornographiques », « la détention de drogue » et, enfin, « infraction à la législation des changes ». Pour tous ces crimes abjects, la Justice algérienne prononce une condamnation de 7 ans de prison. Est-ce logique ? Dans quel pays au monde on peut s’en sortir uniquement avec 7 années dans une cellule après avoir violé, volé, abusé de l’innocence de filles mineures pour ensuite commercialiser les images de leurs corps soumis aux bas instincts dans des films pornographiques ? Il sera vraiment difficile de situer un tel pays insensé sur la carte géographique du monde contemporain. Mais avec nos juges et nos magistrats, nous ne sommes jamais au bout de nos surprises.

Et pour cause, la justice algérienne démontre une spontanéité inouïe lorsqu’elle condamne les mouvements de grève des syndicats autonomes en les qualifiant d’illégaux. Enseignants, cheminots, postiers, travailleurs des communes, notre justice s’est attaquée à tous ces travailleurs en les poursuivant pour grève illégale. En revanche notre appareil judiciaire fait preuve d’une grande célérité quand il faut rassurer les ministres et les hauts dirigeants de l’Etat qui sont auditionnés uniquement en témoins et jamais inculpés dans les multiples scandales de corruption dont les dossiers s’entassent sur les bureaux de nos brillants magistrats. Seule la poussière s’est, d’ailleurs intéressée de près à ces dossiers aussi lourds, que rares ont encore osé étudier sérieusement. C’est sans doute pour cela qu’un ministre impliqué dans le scandale de corruption Sonatrach 2 a pu prendre tranquillement la fuite en empruntant même le Salon d’Honneur d’un aéroport national. Aucun juge n’a osé émettre un mandat d’arrêt pour  interpeller ce personnage véreux cité à maintes reprises dans des affaires de pots-de-vin. Aucun juge n’a aussi fourni des explications rationnelles pour répondre aux inquiétudes de nos compatriotes qui regardent les criminels récidivistes relâchés régulièrement dans les rues après avoir bénéficié d’une réduction de peine.

Comment ne pas être ainsi inquiets devant ces dysfonctionnements et ces dérives judiciaires ? Comment ne pas angoisser lorsqu’on s’aperçoit que la Justice algérienne réserve uniquement ses accents inquisitoriaux aux chômeurs et manifestants qui réclament leurs droits sociaux et politiques ? En 2013, la justice algérienne échappe toujours à l’exigence de transparence et à la recherche de crédibilité. Elle devient de jour en jour une mascarade qui fait pleurer. Une mascarade qui accentue les inégalités de notre pays et menace dangereusement sa stabilité. Une mascarade qui alimente les frustrations et nourrit les déceptions les plus dangereuses. Tout cela n’est guère rassurant…