Quand ils évoquent la situation de la presse en Algérie, les responsables et les confrères omettent souvent d’évoquer le cas des journaux électroniques algériens. Dans leur plate-forme revendicative, les journalistes initiateurs de l’action «Pour la dignité de la presse» ne soufflent pas un mot sur la presse en ligne, même qu’aucun responsable de cette catégorie n’a été convié aux réunions de préparation des actions du collectif et la presse en ligne demeure, à ce jour, exclue des revendications de la corporation.
Les syndicats observent le même silence. Pourtant, la presse en ligne algérienne est issue des rédactions de la presse écrite, ce sont des consœurs et des confrères qui se sont réfugiés sur la Toile qui, pour s’exprimer librement, qui, pour tenter l’aventure, qui, pour arrondir ses fins de mois.
Certains se demanderont : Quel sont vos problèmes ? Ils sont nombreux. La question du financement vient en premier lieu car la presse en ligne n’a que très peu accès à la publicité qui reste tributaire du secteur privé. Même ceux qui peuvent se targuer d’y accéder souffrent du «dumping» qu’exercent les journaux classiques. Ces derniers, pour lesquels les recettes publicitaires sur leur support web relèvent de l’epsilon, puisque se basant sur la version papier, ont pensé bon de casser les prix de leurs bannières web. Pour eux, ceci ne pèse absolument pas sur la balance, pour nous c’est la catastrophe, dans le cas où l’on a de la pub bien sûr.
L’Etat pourrait intervenir en régulant les tarifs publicitaires et en accordant des aides financières aux journaux en ligne, comme cela se fait ailleurs. Des fonds peuvent être utilisés dans ce sens, à l’instar du programme «e-Algérie». Mais l’Etat le fera-t-il sans imposer ses conditions ? Le fera-t-il sans être tenté de reproduire un scénario ANEP-Bis déporté sur la Toile ? On demande à voir.
Le deuxième souci est inhérent à la reconnaissance même de ces médias en tant que tels. De là se pose la question de la carte de presse, de l’accès à l’information et aux personnalités publiques, de l’accès aux formations promises et au type d’agrément réservé à la presse en ligne.
Le ministre de la Communication a évoqué la possibilité d’élaborer une loi régissant la presse électronique. Cette loi est inopportune. En Algérie, les journaux électroniques proprement dit se comptent sur les doigts d’une seule main, pourquoi doit-on alors légiférer sur un phénomène encore mineur. De plus, il n’y a qu’en Chine qu’une telle loi existe et elle serve, en réalité, de couverture légale à la censure. Le mieux serait donc d’associer les acteurs concernés dans une démarche qui permettra à la presse électronique de s’épanouir dans le respect des règles d’exercice universellement reconnues. Le mieux aussi serait de considérer la presse électronique à sa juste valeur. Mais ceci vaut pour tout le monde.