Le féminisme à deux vitesses et le complexe de la femme voilée

Redaction

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Une femme voilée n’est pas une femme digne de respect. Une femme voilée est une femme que l’on peut agresser, insulter et mépriser sans que cela n’émeuve personne.

C’est la triste réalité que nous apprend aujourd’hui la France, cette mère civilisée et « civlisatrice » qui nous enseigne du haut de son piédestal les droits de l’homme et la démocratie universelle. Mais voila, ces valeurs s’arrêtent à la cheville de ces femmes qui ont choisi de se voiler au nom d’une certaine conviction religieuse, discutable certes, mais respectable aussi au même titre que les autres libertés publiques.

Une conviction qui ne relève d’aucune liberté et qui ne mérite aucune compassion lorsqu’elle est violée et foulée aux pieds, semblent nous dire les défenseurs de la tolérance made in France. Il en est ainsi des féministes, ces êtres épris de liberté et d’émancipation, qui se sont distingués par un silence assourdissant face à la lâche agression dont a été victime une femme voilée, encore une autre, à Argenteuil en France. Enceinte, cette femme infortunée, à qui on renie la féminité à cause de son foulard, a perdu son bébé lorsqu’elle a été agressée par deux hommes à la sortie d’un laboratoire médical. Ces agresseurs lui ont arraché son voile, ont découpé un bout de son vêtement, et l’ont traînée de force en la tirant par les cheveux ! Un véritable lynchage qui nous rappelle les pratiques de l’inquisition du Moyen-Âge et des heures les plus sombres de l’humanité. Et tout cela se passe en France. Oui, en France et non pas l’Algérie, ce pays qui suscite l’ire médiatique à la moindre incartade. Mais cette fois-ci, c’est à Argenteuil que la bête immonde a frappé. Et là, les médias français, ces donneurs de leçons ne savent plus quoi dire ni comment commenter. La prudence est certaienemnt justifiée. Mais le silence devient complicité lorsqu’on tente de réduire ce crime à un simple fait divers.  Le plus ahurissant dans cette histoire reste tout de même l’absence de la moindre réaction de la part des féministes notamment ces femmes qui ont manifesté dans les rues pour réclamer la liberté pour les FEMEN tunisiennes. Décidément, les femmes n’ont pas le droit toutes au même traitement et l’indignation ainsi que la protestation sélectionnent leurs candidats avant de se mettre en branle.

« Où sont donc passées les féministes, d’habitude si promptes à agiter leurs banderoles d’indignation à la moindre occasion ? », s’est interrogée à juste titre la philosophe française  qui, elle, a préféré prendre sa plume pour faire face à cette vague de haine dont sont victimes les femmes voilées en France. « Et pendant que les passionarias de la cause étaient occupées, hier, à m’envoyer critiques et messages d’insultes parce que j’osais dire que la terminologie de la théorie du genre présente dans les argumentaires du féminisme français était révolue, me faisant traiter d’universitaire (comme si c’était une tare) et d’élitiste (par des gens qui restent à l’abri de leur écran d’ordinateur), que n’eurent-elles trouvé le temps de dire un mot sur cette femme ? », s’est-t-elle encore écriée dans une tribune publiée mercredi sur le site internet du Nouvel Observateur. « Cette femme, quand bien même est-elle voilée, c’est notre soeur. Toutes femmes, toutes soeurs. Que les féministes françaises commencent par assumer ce principe et nous pourrons reparler d’élitisme. Que l’on produise des propositions théoriques substantielles sur la question du voile et je considérerai que la discussion est lancée. La question du voile doit être traitée sans condescendance, sans préjugés, ni filtre idéologique », a-t-elle lancé en dernier tel un cri qui cherche à bousculer les humains endormis et drogués à jamais. Ce cri trouvera-t-il une oreille attentive ? Espérons que cela arrive avant même qu’une autre femme paie de sa vie le prix de ses convictions religieuses…