Evidemment, plus rien ne choque en Algérie. Evidemment, nos autorités vont passer sous silence ces violences communautaires qui ont semé la panique dans toute la vallée du M’zab. Une vallée millénaire au patrimoine historique riche protégé par l’UNESCO. Mais en Algérie, ni l’histoire, ni la loi, ni la morale ne préservent les algériens de la bêtise humaine.
Une bêtise qui puise sa force dans les réservoirs de la haine alimentés depuis des années par des préjugés racistes. A Ghardaïa, située à 600 Km d’Alger, le racisme s’affiche publiquement depuis des décennies. Chaque tribu, ou communauté, se croit supérieure à l’autre. Chaque tribu s’estime lésée et victime, à elle-seule, de toutes les injustices du monde. Chaque tribu recourt à la violence pour exprimer la moindre revendication et écarte le dialogue comme moyen de communication. A Ghardaïa, les lois de la République algérienne n’ont pas lieu d’être. Seule l’ethnie, la race ou la religion déterminent les rapports sociaux. Un mur, bâti avec des idées haineuses, sépare deux communautés aux croyances religieuses distinctes, les arabes, des sunnites, et les mozabites, des ibadites. Des croyances et des pratiques culturelles qui auraient pu donner naissance à une diversité enchanteresse. Justement, la diversité, c’est un vain mot en Algérie. Un mot presque interdit. C’est ainsi qu’en 2013, l’Algérie ne s’efforce même pas à juguler les violences communautaires qui divisent la société. Une société marquée encore par les relents du clanisme, du tribalisme et du régionalisme. En 2013, les Algériens continuent à réfléchir en tant que sujet d’une tribu, d’un clan ou d’un arc’h. En 2013, les algériens n’entendent parler de l’unité nationale que lors des attaques terroristes ou des matchs de football. L’Algérie, unie, indivisible, diversifiée et solidaire, cette image, merveilleuse en soi, demeure, malheureusement, floue et obscure aux yeux de nos compatriotes. Des compatriotes qui se présentent d’abord comme étant Kabyles, Chaouis, Tlemceniens, Chaâmbis ou Mozabites, mais rarement Algériens tout court.
Nous avons longtemps refusé de le reconnaître : le patriotisme des algériens est une chimère. Un mirage car l’amour de la patrie est indissociable avec le respect de l’autre, de sa culture, de son identité et de sa différence. L’amour de la patrie est lié par un cordon ombilical à la tolérance, l’ouverture d’esprit et l’acceptation dans ce qu’il a de plus intime. Le jour où ces valeurs s’enracineront dans les esprits des algériens, notre pays se portera beaucoup mieux.