Quand le ciel se met à saigner, c’est toute l’Algérie qui tremble. Elle tremble parce qu’elle découvre les nombreuses incuries de ses gouvernants et de ses élus. Elle tremble parce qu’elle mesure l’incommensurable incompétence de ses administrations locales incapables de lire les BMS et de nettoyer les canalisations des eaux de pluie.
Elle tremble parce qu’elle s’aperçoit aussi que son gouvernement cultive le mensonge et les promesses non tenues pour dissimuler sa faiblesse intellectuelle et son incapacité à prendre en charge les besoins de son peuple. Il aura fallu qu’une simple pluie, aussi intense soit-elle, s’abatte sur nos villes et villages pour que nos compatriotes dressent ce constat amer : l’Algérie de 2013 n’a rien d’un Etat moderne et efficient qui peut faire face à une petite dépression atmosphérique. Mais si cette vérité était déjà connue de tous, une autre a fini par s’imposer. Et celle-ci fait encore plus mal que la première. En effet, ces pluies diluviennes ont emporté dans leur furie les dernières illusions des Algériens. Ces derniers ont bien vu comment tout un Etat est demeuré suspendu à l’état de santé d’un seul homme, à savoir le Président de la République. Malade, hospitalisé, Bouteflika n’a rien vu de cette Alger qui se noie pendant que lui se soigne tranquillement à Paris dans les établissements les plus chics. Mais est-ce la faute de Bouteflika ? Certainement pas. La faute incombe d’abord à ce gouvernement qui préfère s’abonner aux rumeurs et spéculations les plus fantaisistes sur la santé du Chef de l’Etat au lieu d’assumer ses responsabilités et de gérer comme il se doit les affaires publiques. Nos ministres, parlementaires, sénateurs ou hauts fonctionnaires de l’Etat ont été anesthésiés depuis l’hospitalisation du Président. Une anesthésie volontaire puisque aucune loi en vigueur en Algérie ne demande aux autorités de démissionner de leurs fonctions lorsque le Président est cloué au lit par la maladie. Aucun article de la Constitution algérienne n’appelle nos ministres et dirigeants à s’endormir en attendant le retour du Messie Bouteflika.
Mais pas besoin de loi pour fuir ses responsabilités en Algérie. Tout est prétexte à l’absentéisme, à l’immobilisme et au je-m’en-foutisme. Que l’on arrête donc de prendre les Algériens pour des idiots. Les responsables de nos collectivités locales n’ont nullement besoin de la présence d’Abdelaziz Bouteflika pour décrypter un BMS. Le Wali, le Chef de Daïra ont toutes les prérogatives nécessaires pour prendre les mesures adéquates à la suite d’une alerte météo. Mais ces Walis et ces commis de l’Etat ont, visiblement, un tout autre sens des priorités. Leurs pensées sont entièrement aspirés par l’état de santé du Président. Leur esprit est toujours obnubilé par les manoeuvres de coulisses et les tractations du sérail. Au final, une simple pluie suffit pour illustrer l’invalidité de nos autorités. Les habitants de Bab El Oued l’ont bien compris. Eux qui ont failli être emportés par les eaux en furie d’un Val qui accorde rarement une grâce à ses occupants…