En Algérie, les théories du complot ont trouvé leur égérie. Son nom : Louisa Hanoune. La présidente du parti des travailleurs consacre davantage son temps à distiller dans les esprits des Algériens les complots les plus fantaisistes qu’à à défendre réellement les droits des ouvriers.
Louisa Hanoune est une patriote. Personne n’en doute. Mais sa manière de faire la politique commence à agacer sérieusement les Algériens. Au moment où notre pays souffre des inégalités sociales et de diverses injustices, notre figure nationale de la Gauche invoque les démons de la Guerre Froide et part en croisade contre les moulins de l’impérialisme américain. Ainsi, à chaque sortie médiatique, la rebelle Louisa élude les questions nationales pour se lancer dans des spéculations dignes de la science fiction. Ainsi, aujourd’hui encore, notre Louisa nationale est persuadée que les Américains vont envahir l’Algérie. Leur plan est quasiment prêt et même le porte-parole de notre ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, serait leur complice puisqu’il a osé démentir publiquement cette information, a-t-elle accusé dans une déclaration à la presse lors de la session du comité central de son parti. Tel un James Bond capable de renverser le cours des événements en deux temps trois mouvements, Louisa Hanoune a annoncé qu’elle ira parler elle-même à l’ambassadeur des Etats-Unis en Algérie pour le mettre en garde contre toute tentative d’intervention militaire. Une intervention imminente, estime-t-elle en se basant sur le récent déploiement des Marines, soldats des forces spéciales, en Espagne.
Un déploiement qui, rappelons-le pour la énième fois, ne concerne nullement l’Algérie car il est destiné à défendre les ambassades US dans toute la région de l’Afrique du Nord et le Sahel. Mais Louisa Hanoune ne veut rien comprendre et ne daigne guère remettre en cause ses certitudes. Les Américains veulent envahir l’Algérie, un point c’est tout ! Même l’ambassadeur espagnol à Alger a contacté notre Jeanne d’Arc pour la rassurer, en vain. Louisa Hanoune va encore jusqu’à établir un parallèle entre ce déploiement militaire américain et les manifestations de nos pauvres chômeurs au Sud. Ces jeunes miséreux, ce sont des pions entre les mains de certaines ONG internationales qui ont débloqué des financements immenses pour abattre l’Algérie et mettre un terme sa souveraineté. Ce scénario mirifique aurait tenu la route si l’Algérie avait réellement la force de nuisance que lui impute certains de ses adversaires ou ses admirateurs. L’Algérie n’est ni l’Iran ni la Syrie. Elle n’occupe guère une place de choix sur l’échiquier politique international. En quoi est-elle une menace pour les intérêts des grandes puissances du monde, notamment les Etats-Unis d’Amérique ? La politique étrangère algérienne ne dérange pas outre mesure les Américains. Et puis de quelle souveraineté parle encore Louisa Hanoune ? Le port, l’aéroport, le métro, les grands chantiers économiques, les équipements militaires, et même les produits alimentaires, les opérateurs étrangers ont une main basse sur tous ces secteurs en Algérie. Pourquoi Louisa Hanoune ne va-t-elle pas manifester dans la rue pour réclamer une politique souverainiste de la part nos autorités qui, même pour gérer les ascenseurs des immeubles de l’AADL, font toujours appels aux étrangers ?
L’Algérie, un pays économiquement faible, où presque rien n’est fabriqué, qui ouvre généreusement toutes ses portes aux sociétés pétrolières américaines et occidentales ne nécessite nullement l’élaboration d’un ingénieux complot pour le dominer politiquement. La France a-t-elle eu besoin d’un complot savant pour arracher de l’Algérie le survol de son territoire par les avions militaires engagés dans la guerre au Mali ? Absolument pas. D’ailleurs, à ce moment-là nous n’avions nullement entendu les cris de colère de Louisa Hanoune. Elle qui accorde un soutien indéfectible au gouvernement et à la politique de Bouteflika, une politique rarement hostile aux intérêts des grandes puissances impérialistes, évoque uniquement le complot lorsqu’elle s’aperçoit que le régime est en danger. Oui, un danger qu’elle ne supporte pas. Un danger qui la rend furieuse et l’inquiète terriblement. Et pour que cette menace ne devienne jamais une réalité, la présidente du parti des travailleurs n’hésite pas à semer une véritable panique en Algérie en diffusant les théories de complots les plus hasardeuses. La politique et l’Algérie, qui a besoin en ce moment d’une véritable alternative à la paralysie actuelle, méritent beaucoup mieux que ces gamineries…