C’est une révolution ! Les autorités algériennes communiquent, enfin, sur l’état de santé du Président de la Républqique, Abdelaziz Bouteflika. Et pourtant, le palais présidentiel d’El Mouradia, le gouvernement, la télévision d’Etat, l’ENTV, et plusieurs autres institutions officielles, ont toujours entretenu le mystère.
Malade depuis plusieurs années, des rumeurs ont toujours annoncé que Bouteflika est à l’agonie. Le suspense durait des jours, quelques fois, des semaines, et à la fin l’ENTV intervient en diffusant des images des cérémonies protocolaires lesquelles montrent Bouteflika en costume, accomplir ses tâches politiques. Certes, les images laissent toujours transparaître un état de fatigue cirant, mais jusque là aucune communication officielle. Le silence a été même imposé aux médias qui osaient, à peine, s’interroger sur l’absence prolongée de Bouteflika sur la scène politique. Hospitalisé à maintes reprises à l’étranger, la toile et les réseaux sociaux ont été également affolés, à plusieurs occasions, par les spéculations les plus extravagante. Bref, l’état de santé de Bouteflika est depuis longtemps en Algérie une affaire d’Etat et le secret est jalousement protégé. Seul Wikileaks a révélé des informations précises lorsqu’en février 2011, un câble diplomatique dévoilé par Wikileaks, affirmait que Abdelaziz Bouteflika était atteint d’un cancer gastrique. « Un médecin, au fait de la santé du président Bouteflika, nous a affirmé dans la plus stricte confidentialité que le président souffrait d’un cancer – comme cela était largement soupçonné – mais qu’il était actuellement en rémission, autorisant le président à remplir ses fonctions », avait notamment rapporté ce câble diplomatique classé confidentiel et rédigé par l’ambassadeur des États-Unis en poste à Alger. Et depuis, on n’a plus rien entendu de clair et net sur cette intrigue mystérieuse.
Il aura donc fallu attendre le 27 avril 2013 pour que le tabou soit enfin levé. C’est ce jour-là que l’agence officielle l’APS diffuse une dépêche qui, semble-t-il, va révolutionner la stratégie de communication de l’Etat Algérien. On reconnaît que Bouteflika, le Chef de l’Etat, a été victime d’un accident vasculaire cérébral et qu’il a été transféré samedi en fin d’après-midi à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris pour y effectuer des examens complémentaires. L’information a même été rendue publique au JT du 20 H de l’ENTV. Pris de panique, et surpris par une telle transparence, les Algériens n’ont pas su comment analyser cette nouvelle donne. La transparence en matière de santé n’est pas une règle de conduite en Algérie notamment lorsque cela concerne les hauts commis de l’Etat. Les Algériens n’ont jamais pris connaissance d’un bulletin de santé de leur Président de la République. Le tabou a-t-il été levé ? La question se pose plus que jamais notamment en cette période où les révélations sur les scandales de corruption ont fait de l’ombre aux enjeux importants de la révision constitutionnelle et l’élection présidentielle de 2014.