Monsieur Sellal, le gouvernement est-il lui aussi nécessaire ?

Redaction

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C’est la rentrée et comme toujours, le gouvernement fait tout pour empêcher les Algériens de rester zen. Vacances ou pas, été ou pas, la bêtise ne prend jamais de congé au sommet de notre Etat. Huit mois sans aucune réunion de travail, notre gouvernement chôme techniquement sans que cela n’émeuve davantage nos ministres. 

Evidemment, ces derniers ne s’expriment que rarement sur leur immobilisme devenu maladif. La maladie du président Bouteflika est le prétexte pour faire une longue et profonde sieste. Une sieste qui dure depuis 8 mois. Pendant toute cette période, le Chef de l’Etat n’a pas rencontré ses ministres pour étudier les problèmes des Algériens. Des Algériens plus que jamais révoltés par cette indifférence totale. Le pays est à l’arrêt. Les chantiers suspendus ou avancent très lentement. Les problèmes s’accumulent et les citoyens subissent les blocages successifs. Exceptés quelques visites de terrains, nos ministres brillent complètement par leur absence. Certains sont mêmes portés disparus. Fantomatique, notre gouvernement est complètement déconnecté de la réalité du pays. Un pays jeune en quête de dynamisme. Un pays plein d’espoir en quête d’un projet de société à même de le remettre sur les rails du développement. Un pays aux richesses illimitées, mais inexploitées à cause de cette mauvaise gouvernance endémique.

Un président malade, un président de parlement diminué, des ministres incompétents, des députés absentéistes, les institutions algériennes sombrent dans une décadence sans pareille.  Et pendant ce temps-là, notre cher Premier ministre fait tranquillement sa tournée à travers l’Algérie sans nous fournir la moindre explication rationnelle. Sans nous proposer la moindre issue de secours. Même pas l’esquisse d’une promesse d’action. A peine quelques reproches concernant notre éducation. Oui, d’après Sellal, nous les Algériens, nous aimons trop lire l’histoire et les sciences humaines. C’est mauvais et c’est ce qui explique que nous sommes sous-développés, a-t-il dit grosso modo.

Bien sûr, notre école est mauvaise et moyenâgeuse. C’est de notre faute, jamais celle du gouvernement. C’est d’ailleurs vrai puisque notre gouvernement est plongé dans le coma. Donc, tout est de notre faute. Mais Sellal va quand même loin en justifiant toute cette mascarade par un discours politiquement inintelligible. Jugez en par vous mêmes. « La tenue d’une réunion du Conseil des ministres actuellement n’est pas nécessaire et les choses marchent comme il se doit ». Dans sa grande sagacité, notre Premier Ministre défend et encourage l’immobilisme général ! Et pourtant, n’est-il pas censé donner l’exemple ? Celui de la fuite en avant et de l’irresponsabilité. Dans tous les pays du monde, du moins ceux qui se respectent et rêvent de développement pour leur peuple, le gouvernement tient régulièrement des conseils de ministres. Des plans d’action sont échafaudés, de nouvelles lois sont élaborées, des solutions d’urgence sont apportées à des problèmes délicats, des suivis de projets sont accomplis. Mais en Algérie, rien de cela n’est fait. On se contente toujours de gérer par des ordonnances, des communiqués, et des instructions. Comme à l’ère soviétique.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, faisait dire Voltaire à son personnage rêveur Candide. Aujourd’hui, en 2013, il faudrait un esprit encore plus affûté que celui de Voltaire pour comprendre cette béatitude injustifiée dans laquelle baignent les dirigeants algériens au moment où leur pays s’enfonce dans le sous-développement. On aurait aimé que Sellal lise Candide de Voltaire pour comprendre que l’optimisme s’accompagne aussi d’action, d’effort et d’idée. Peine perdue car notre Premier ministre n’aime ni la littérature, ni l’histoire, ni les sciences humaines. Rien de tout cela n’est nécessaire. Mais son gouvernement l’est-il finalement ?