Où est passée la capacité d’indignation des Algériens ?

Redaction

« Je vous souhaite à tous, à chacun d’entre vous, d’avoir votre motif d’indignation. C’est précieux ». Ces mots de Stéphane Hessel resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Mort dans la nuit du mardi à mercredi, l’écrivain et résistant Français, Stéphane Hessel aura marqué son époque d’une empreinte indélébile. Son dernier livre, « Indignez-Vous » est devenu en un temps record un best-seller mondial. Vendu à des millions d’exemplaires et qui a inspiré dans le monde ces dernières années plusieurs mouvements de protestation. A 95 ans, Stéphane Hessel a laissé derrière lui une oeuvre imposante façonnée tout au long d’une exceptionnelle carrière de 60 ans.
Une oeuvre dont le message essentiel reste d’actualité en Algérie, un pays qui a tant besoin d’indignation ! Avec tous ces scandales de corruption qui ébranlent notre pays, la société civile et les citoyens observent toujours un silence inquiétant. Les autorités tentent de noyer dans un verre d’eau cette tempête qui remet en cause leur légitimité. Depuis plusieurs semaines, chaque jour qui passe, on nous révèle un nouveau montant faramineux qui a été détourné des caisses de l’Etat. Des sommes extravagantes et des commissions calculées en millions de dollars, ces scandales ont dévoilé une terrible dépravation financière qui ronge notre pays jusqu’à ce qu’il a de plus profond de lui-même, à savoir sa dignité. Et comme si cela ne suffisait pas, les Algériens affichent une indifférence révoltante. Certains vont jusqu’à défendre les gros bonnets impliqués dans ces scandales de corruption en agitant la fameuse « main étrangère » !
« Non, ces révélations n’ont aucun sens et elles visent uniquement à déstabiliser l’Algérie, le pays qui a résisté au Printemps Arabe ! », ce discours nous l’entendons un peu partout dans nos cafétérias et nos différents lieux publics. C’est dire que les Algériens ont quasiment perdu leur capacité d’indignation.  Ils cessent d’être des citoyens et se contentent d’être des spectateurs d’une tragi-comédie dont le fric joue le rôle principal et nos dirigeants campent les rôles secondaires tels ces cow-boys qui courent derrière les lingots d’or dans le Far West américain. Un Far West qui ressemble étrangement à l’Algérie d’aujourd’hui où l’anarchie, la cupidité des décideurs et l’immoralité ambiante font et défont les lois.
« Il nous appartient de veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers », avait dit un jour Stéphane Kessel qui s’est élevé contre « cette société des sans-papiers, des expulsions, des soupçons à l’égard des immigrés, pas cette société où l’on remet en cause les retraites, les acquis de la Sécurité sociale ». Et en Algérie, peut-on  veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers ?  Telle est la question…
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