Et si celui qui succède à Bouteflika s’appelle aussi… Bouteflika ? Oui, vous l’avez bien entendu, un autre Bouteflika pour diriger l’Algérie. Un quatrième mandat ? Non, pas du tout ! Abdelaziz Bouteflika pourrait bel et bien partir et laisser le pouvoir à une autre personne. Or, cette personne pourrait bel et bien s’appeler aussi Bouteflika.
Allez, soyons sérieux. Ce n’est pas une blague ni un sketch ramadanesque. Pour l’heure, ce ne sont que des rumeurs. Mais en Algérie, le pays où est tout géré par des rumeurs et des ballons-sondes, la moindre information qui nous parvient du sérail est à prendre au sérieux, à analyser, à décrypter. Les rapports de force évoluent chaque jour. Hier, donné pour mourant, Abdelaziz Bouteflika ressuscite et revient sur le devant de la scène. En fauteuil roulant, certes, mais revenu sain et sauf. L’homme n’est pas mort. Il est là et il continue à peser, en dépit de sa maladie, sur l’avenir politique de l’Algérie. Un avenir auquel est associé aussi son puissant conseiller, et néanmoins frère, Saïd Bouteflika. Un conseiller dont le rôle « machiavélique », tel qu’il est décrit par les sources « officieuses », nous rappelle les intrigues mystérieuses de l’ère du Cardinal Richelieu. Les connaisseurs de la vie politique en Algérie prêtent depuis longtemps à Saïd Bouteflika un pouvoir sombre et obscur. Il serait le faiseur et le défaiseur des rois à la Présidence de la République. Ses désirs seraient des ordres et ses fantasmes, des instructions à respecter à la virgule prés. Pour l’heure, cette influence et cette autorité demeurent de l’ordre du mythe. Difficile de prouver toutes les informations qui circulent à propos de ce personnage de l’ombre. En plus, Saïd Bouteflika ne parle pas. Il ne se prononce que rarement pour ne pas dire presque jamais. Ses apparitions en public sont rarissimes. Et dés que sa présence quelque part est remarquée, elle suscite réactions et spéculations. Said Bouteflika ne laisse donc personne indifférent.
Et l’intérêt que lui porte les médias et les observateurs les plus avertis des rouages du Pouvoir algérien n’est, sans nul doute, pas fortuit. Preuve en est, vendredi dernier, l’apparition de Saïd Bouteflika à l’enterrement du général-major, Senhadji, ex-secrétaire général du MDN, a provoqué un véritable tollé médiatique. Après plusieurs jours d’absence en raison de l’hospitalisation de son frère, Abdelaziz Bouteflika, en France, Saïd a fait son « combeback », ont noté les titres de la presse nationale. Notre confrère Liberté n’a pas omis de souligner que le puissant conseiller était « décontracté et bien entouré ». Il répondait à toutes les sollicitations et « se prêtait volontiers aux séances photos, tout sourire, même si la circonstance et l’endroit exigeaient probablement une autre attitude ». Comme par hasard, à l’heure où la succession de Bouteflika à la tête de l’Etat est devenue un débat national, le controversé Saïd se présente en public et dans une posture qui ressemble étrangement à celle d’un futur candidat à l’élection présidentielle. La disponibilité, des paroles charmeuses, du sourire et de la chaleur humaine, l’homme travaille son image et cherche visiblement à troquer son mystère contre une « fréquentabilité » qu’on refuse de lui reconnaître. N’est-ce pas là le début d’un processus guidé par une grande ambition politique ? Pour l’heure, ce ne sont que des supputations. Une analyse sur des faits qui mérite une sérieuse réflexion. Et pour couper l’herbe à toutes les arrières pensées, c’est à Said Bouteflika d’expliquer ses intentions aux Algériens.
Les silences obscurs, les conciliabules clandestins et les manoeuvres de coulisses n’ont jamais garanti la stabilité et la prospérité à l’Algérie. Le Renard qu’il est, Saïd Bouteflika en est certainement conscient…