Alger reçoit, en l’espace de quelques jours, trois visites de personnalités de haut rang. En plus de John Kerry, qui vient réorganiser les intérêts géostratégiques de son pays, deux autres chefs d’Etat, à savoir l’émir du Qatar et le roi d’Arabie Saoudite viennent voir, séparément, Abdelaziz Bouteflika qui va tenter de réconcilier les deux états qui se livrent une guerre diplomatique acharnée depuis quelques semaines.
Abdelaziz Bouteflika ne peut donc espérer un tel apport. Alors que des voix intérieures le donnent finissant, le chef de l’Etat reçoit donc en pleine campagne électorale des appuis inespérés. A commencer par le chef de la diplomatie américaine qui ne se contentera pas de venir discuter avec son homologue algérien. Le secrétaire d’Etat offre à Bouteflika le luxe de passer la nuit à Alger, un gage de confiance et de sécurité.
Le geste est une première. Car, auparavant, les responsables américains de passage à Alger passent leurs nuits dans d’autres endroits en dehors de l’Algérie. Ainsi, Collin Powel avait passé sa nuit à Malte sur une base américaine, tandis que Hillary clinton avait dormi, lors de sa visite en 2012, sur un porte-avion américain amarré en méditerranée. C’est dire que la confiance n’est pas la première vertu des Américains.
En plus de Kerry donc, l’Emir Jassem du Qatar vient chercher, auprès de Bouteflika, une médiation dans le but de mettre fin au conflit qui oppose les deux pays depuis plusieurs semaines. Les deux responsables considèrent, en effet, Abdelaziz Bouteflika comme le doyen des chefs d’Etats de la zone arabe. En plus de fait que depuis l’entrée de l’Egypte dans une zone de turbulences, le leadership est transféré, presque naturellement, vers l’Algérie, pays stable et riche s’il en est. Et c’est l’Algérie qui a essayé, en 2005, d’imposer la réforme de la Ligue arabe, une initiative heurtée à l’époque par l’Egypte de Moubarak.
Ces visites aideront-elles Bouteflika dans son maintien au pouvoir ?
Essaïd Wakli