Algérie : Faut-il vraiment se méfier du gaz de schiste ?

Redaction

Alors que les opposants à l’exploitation du gaz de schiste sont appelés à descendre dans la rue demain et qu’une campagne 2.0 bat son plein depuis plusieurs semaines, les experts en énergie algériens ne parlent pas d’une même voix sur la question de l’utilité et des risques à explorer les ressources non-conventionnelles du pays. Le débat reste ouvert.

Combien seront-ils à manifester à Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa, Ouargla et dans les autres grandes villes du pays demain, 24 février, date anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures ? Difficile à quantifier avec précision, mais le cortège qui répondra à l’appel de l’Instance de concertation et de suivi de l’opposition (ICSO), s’annonce important.

En solidarité avec le mouvement citoyen anti-gaz de schiste né à In Salah, les manifestants demanderont demain l’arrêt immédiat des tests opérés par la Sonatrach sur les puits-pilotes du bassin gazier de la wilaya de Tamanrasset. Leur principal argument : la technique utilisée pour extraire le gaz de schiste de la roche où il est confiné porte durement atteinte à l’écosystème, polluant notamment les nappes phréatiques.

Un argument qui ne convainc pas certains experts en énergie. « La fracturation hydraulique, qui est remise en cause par les opposants au gaz de schiste, est une technique déjà utilisée en Algérie depuis plusieurs décennies. Et pour produire du gaz conventionnel, on utilise déjà des produits chimiques », a ainsi fait valoir Mourad Preure, spécialiste en énergie, en marge de la conférence de think tank NABNI, dimanche 22 février à Alger. À ses côtés, Mabrouk Aïb, experts en management et énergie, a renchéri : « la fracturation hydraulique existe en Algérie depuis au moins les années 1990. On perfore depuis longtemps la couche de l’Albien ».

« Rester en veille »

Ces deux consultants en énergie, proches du collectif NABNI, qui ne s’est toujours pas prononcé sur ce dossier, appellent dans un premier temps à « dépassionner le débat ». « Toutes les ressources présentes dans nos sous-sols sont exploitables dans la mesure où elles ne sont pas nuisibles pour l’environnement », a affirmé Mourad Preure.

Pour eux, l’option du gaz de schiste n’est donc pas à écarter complètement. « La Sonatrach doit rester en veille » et observer comment la technologie d’extraction de ce gaz non conventionnel évolue, suggère Mourad Preure, qui tranche : « Il serait irresponsable de rester à la marge ». « On ne peut pas ignorer cette ressource. En revanche, il faudra veiller d’abord à ce que toute les conditions de sécurité environnementales soient réunies » avant d’envisager de l’exploiter, conclut Mabrouk Aïb.