Le Maroc veut ériger une muraille de barbelés au niveau de sa frontière avec l’Algérie. Objectif affiché par Rabat : lutter contre l’immigration clandestine.
Pour la presse marocaine et le journal espagnol El Païs, c’est une certitude. Les autorités marocaines souhaitent construire un mur de barbelés sur le tracé de la frontière entre le Maroc et l’Algérie. Le projet a été élaboré au cours d’une réunion à Oujda, une ville frontalière avec l’Algérie, à laquelle a assisté de hauts responsables du ministère de l’Intérieur, de l’armée et de la gendarmerie, indique les médias marocains. Même si le plus grand secret régnait autour de cette réunion, des détails sur le projet de construction d’un mur de barbelés entre les deux pays ont déjà filtrés dans la presse marocaine. Selon le quotidien Akhbar Al Youm, le Maroc veut ériger une barrière de barbelés allant de ville côtière de Saidia au nord, à celle de Figuig, au sud sur une distance de 450 km. De son côté, le journal espagnol El Païs évoque une longueur de 750 km. Le projet aurait été initié par le commandant de la gendarmerie royale Hosni Benslimane, l’inspecteur général des forces armées royales Abdelaziz Bennani, et le ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad, souligne Akhbar Al Youm. Et Canal Sur croit savoir qu’une alarme sera posée le long de la ligne de barbelés.
La main de l’Union européenne
Nouvelle provocation de la part des responsables marocains ? Selon les médias marocains, il s’agit moins d’envenimer des relations diplomatique tendues avec le voisin algérien ou de combattre les trafics de carburant et de drogue que de contenter l’Union européenne. En effet, sous la pression de l’UE, le Maroc veut durcir sa politique de lutte contre l’immigration clandestine. En fermant ses portes aux migrants subsahariens par une muraille de barbelés, le royaume chérifien entend empêcher ces candidats à un exil européen d’atteindre les enclaves espagnoles de Mellila et Ceuta. Entre 1500 et 2000 Subsahariens, qui se trouvent actuellement sur le sol marocain, espèrent rejoindre l’une des enceintes fortifiées des deux villes espagnoles, selon les autorités de ces enclaves.
Bien qu’encore non confirmée par Rabat, l’annonce de ce projet a déjà été saluée par Madrid. Selon le Délégué du gouvernement de Melilla, Abdelmalik El Barkani, espagnol d’origine marocaine, « la pose d’une ligne barbelée le long de la frontière nord du Maroc avec l’Algérie permettrait d’empêcher l’entrée de subsahariens sur le territoire marocain et de réduire, en même temps, la pression migratoire qui s’exerce sur Ceuta et Melilla », rapporte la presse espagnole. Il faut dire que les pays de l’Union européenne, en tête desquels l’Espagne, ont demandé à plusieurs reprises au Maroc à redoubler d’efforts dans sa lutte contre l’immigration clandestine. Le Maroc n’est effectivement qu’une étape dans le chemin tortueux des migrants africains vers l’Europe.
Les ONG dénoncent
Certes les autorités espagnoles applaudissent cette initiative, mais du côté des ONG, on s’inquiète. Si le chemin par la frontière terrestre algéro-marocaine est fermé, les candidats à l’immigration clandestine devront emprunter d’autres voies. Des chemins beaucoup moins sécurisés. Les populations migrantes, des familles entières originaires dans la majorité des cas d’Afrique subsaharienne, devront passer par le désert ou des routes en Mauritanie, jonchées de mines antipersonnel. D’autres organisations mettent en garde contre la présence de groupes de trafiquants. Les migrants sans-papiers pourraient tomber à leur merci. La muraille de barbelés servira « les activités des mafias spécialisées dans le trafic en tout genre », notamment celui des personnes, dénoncent les ONG.
Les travaux sur la frontière algéro-marocaine devraient démarrer « dans les prochaines semaines », soutient le quotidien marocain Akhbar Al Youm. De quoi condamner pour un long moment la réouverture de la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc.