Algérie-Maroc : une frontière de plus en plus invisible ?

Redaction

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Les relations algéro-marocaines sont peut-être politiquement compliquées  mais socialement, elles se portent bien. Les peuples des deux pays, accepteraient parfaitement leurs voisins respectifs.

Le ministre des affaires étrangères Saad-Eddine El-Othmani et son homologue Mourad Medelci / DR

Les mauvaises relations entre Marocains et Algériens ne seraient-elles qu’un mythe? Magharebia a mené l’enquête auprès des populations des deux pays, et il semblerait que seules la tolérance et l’amitié règnent entre eux.

« Les gens peuvent faire une distinction entre des relations de voisinage et des affaires politiques[…] Personnellement, j’ai décidé d’arrêter de discuter de politique avec les Algériens que je connais. C’est un sujet extrêmement compliqué », explique à Magharebia Ichrak Tawafi, une étudiante marocaine.

Autre point de vue chez cet entrepreneur marocain installé en Algérie : « Les Algériens se sont toujours montrés accueillants envers moi. Je n’ai jamais subi aucune forme de discrimination, que ce soit de la part de la population ou des autorités, et ce où que j’aille ».

On pourrait croire que les habitants des villes éloignées de la frontière sont protégés de ce conflit qui dure des années, mais si l’on interroge les Marocains ou les Algériens de habitant dans cette zone de discorde on trouvera le même son de cloche.

« Quand on se trouve en contact les uns avec les autres, on se rend compte qu’on s’entend très bien. Je pense que nous ne formons qu’une seule nation, avec les mêmes traditions et la même culture », explique Yasmina Si Abderrahmane, membre de l’association Maghreb 21.

Les Algériens et les Marocains s’entendraient vraiment, en dépit des années de discorde. La preuve dans les divers échanges, les migrations, et le tourisme pratiqué entre les deux pays. Il faut noter que l’Algérie compte plus de 80 000 Marocains sur son territoire. Ils sont nombreux à venir s’installer dans le pays pour travailler, faire des études. Le Maroc aide ses ressortissants à s’installer chez leur voisin ce qui démontre la normalisation des liens entre les deux voisins maghrébins.

Les limites diplomatiques

La situation politique n’influencerait donc pas les liens personnels entre Algériens et Marocains, en revanche, l’inverse ne se produit pas. Diplomatiquement parlant, les deux pays avancent d’un pas et reculent de deux.

En effet, la situation algéro-marocaine n’est pas tout à fait au beau fixe, si la frontière est en voie d’ouverture, son application reste difficile sans concessions de la part des deux pays. Peter van Walsum, émissaire personnel de l’ancien Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies pour le Sahara occidental, explique dans une tribune pour le quotidien espagnol El Païs que la question du Sahara peut se régler à terme mais des conditions particulières seront nécessaires.

« Cela a conduit à ma conclusion selon laquelle il n’y avait que deux options : la prolongation indéfinie de l’impasse actuelle, ou de négociations directes entre les parties. Ces négociations devront être entreprises sans conditions préalables, et j’ai admis que c’était réaliste de prévoir qu’avec le Maroc qui possède la majeure partie du territoire et le Conseil de sécurité qui refuse de faire pression sur lui, le résultat serait en deçà d’un Sahara Occidental indépendant », explique  Peter van Walsum.

Les décisions pour apaiser les tensions doivent non seulement venir des gouvernements de chaque pays mais également des institutions internationales telles que l’ONU.

 » Pour le moment, rien ne va change r: le Polisario continuera d’exiger un référendum avec l’indépendance comme option, le Maroc continuera à se prononcer en dehors de cet élément, et le Conseil de sécurité continuera d’opter pour une solution consensuelle. En attendant, la communauté internationale continuera à s’habituer au statu quo », conclut l’envoyé spécial des Nations Unies.

Vers ouverture politique ?

Le Maroc et l’Algérie semblent toutefois envisager un meilleur avenir pour leur politique commune. Depuis l’année dernière ils ont connu de réelles avancées. Ils reparlent d’ouvrir la frontière, fermée depuis 1994. Saad Eddine El Othmani, ministre des affaires étrangères marocain s’est déplacé à Alger au mois de janvier afin de clarifier et d’unir symboliquement les deux pays.

A l’occasion de son anniversaire et celui de la Révolution du Roi et du Peuple, Mohamed VI a de nouveau insisté sur l’envie  du Maroc d’avoir une réelle union maghrébine.

L’ouverture pourrait bien avoir lieu lorsque tous les différends auront été réglés. Le prochain sommet de l’UMA pourrait à nouveau rapprocher les deux pays, mais du côté de l’Algérie, la question de la frontière algéro-marocaine se réglera indépendamment de la réunion maghrébine. Affaire à suivre.

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