Algérie-Focus poursuit son voyage en terre musulmane pour vous faire découvrir les traditions ramadanesques des autres pays en ce mois sacré. Après deux escales en Asie, nous revenons au Maghreb, et plus précisément au Maroc, ce voisin si proche et pourtant différent dont on connait souvent trop peu les us et coutumes.
Chaâbane : l’avant-Ramadhan
Au Maroc, le Ramadhan est un événement très attendu. Tellement attendu que traditionnellement on le célébrait avant même sa venue. Il y a bien évidemment les préparatifs habituels qui précèdent l’arrivée de ce mois sacré, mais il y a aussi des festivités spécifiques. Elles portent le nom de Chaâbana, puisqu’elles se déroulent au cours du mois de Chaâbane précédant Ramadhan. 15 jours avant que le jeûne ne commence, familles et amis organisent une grande fête : l’occasion de chanter et de danser avant d’entrer dans une période pieuse et spirituelle. Il s’agit néanmoins d’une tradition qui se perd de plus en plus. Le mois de Chaâbane est également une période pendant laquelle des associations caritatives organisent des collectes de dons afin que les personnes nécessiteuses aient de quoi subvenir à leurs besoins au cours du Ramadhan, mois de grande solidarité. Quant à certains Marocains mystiques, ils vivent Chaâbane comme un mois pieux, au cours duquel ils jeûnent et organisent des soirées de Dikr et de Samaâ.
Une rupture du jeûne en deux étapes
Lorsque le soleil se couche sur le royaume chérifien, l’adhan n’est pas le seul à retentir pour prévenir les fidèles qu’ils peuvent enfin rompre leur jeûne. Une puissante sirène est diffusée dans presque toutes les villes quand vient l’heure du Maghreb. C’est le signal pour le ftour. Les familles s’installent alors devant une table bien garnie.
Le sucré tient une grande place lors du premier repas de la soirée. Dates, abricots, figues et pruneaux côtoient chebakia, briouats aux amandes, beghrir, msemen ou encore sellou (un mélange de farine, d’amandes, de grains de sésame, de beurre et de sucre qui donne une pâte compacte mais friable)… Des batbouts (petits pains fourrés avec diverses farces salées) et des œufs durs ornent aussi la table du ftour. Le tout est généralement accompagné de café, de café au lait ou de thé à la menthe. Un bol de harira fait également face à chaque jeûneur. Cette soupe typiquement marocaine n’est pas si éloignée de notre chorba algérienne, mais comporte des ingrédients supplémentaires comme des lentilles et de la farine.
Une fois ces mets avalés, les jeûneurs rassasiés font une pause qui dure deux à trois heures. L’occasion de se balader dans les rues, d’aller aux prières du tarawih, de faire des emplettes dans les magasins qui ré-ouvrent peu après le ftour ou encore de se poser pour boire un thé ou manger une glace. Les Marocains reviennent ensuite s’attabler pour déguster le second repas de la soirée, souvent composé de salades, d’un tagine de viande, de poisson ou de légumes, d’un couscous ou d’un autre plat traditionnel. Cette pratique varie néanmoins selon les régions. Dans la ville de Tetouan, par exemple, et dans l’ouest du pays, beaucoup de familles ne font qu’un seul repas le soir, à l’image de ce qui se fait dans la plupart des régions d’Algérie.
Pour occuper leurs soirées ramadanesques, les Marocains se réunissent dans les cafés, chez leurs voisins, leurs amis ou leurs proches, jouent à des jeux de carte tels que le rami et certains dorment quelque heures avant que ne vienne l’heure du sohour. Chaque famille a alors ses préférences et ses traditions. Certaines mettent à l’honneur les douceurs traditionnelles : beghrir, msemen, pâtisseries. Tandis que d’autres préfèrent manger du pain et du fromage ou bien déguster un repas complet pour affronter une nouvelle journée de jeûne.