Le Maroc, toujours premier producteur et fournisseur de cannabis au monde

Redaction

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L’ONU épingle le royaume chérifien pour sa production de résine de cannabis. Selon le rapport mondial 2013 sur les drogues, rendu publique le 26 juin, le Maroc demeure le «principal producteur et fournisseur mondial de haschisch dont la production est destinée principalement aux marchés européen et africain». Et cette filière rapporte gros au pays. Quelques 214 millions de dollars par an, d’après l’ONU.

Une première place qui n’a rien de très gratifiante. Depuis douze ans, le Maroc est désigné comme le principal pays producteur de cannabis et de résine de cannabis dans le monde par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc). Et encore en 2013, cette agence onusienne tire la sonnette d’alarme dans un rapport présenté mercredi à l’occasion de la Journée internationale contre le trafic et l’abus de drogues : les stupéfiants marocains inondent la planète. L’Onudc, qui n’est plus autorisé à enquêter sur le sol marocain depuis 2005, a évalué la production annuelle du Maroc à 38.000 tonnes d’herbe de cannabis ou « kif » et à 760 tonnes de résine de cannabis en 2012.

C’est au Maroc qu’on retrouve la plus grande surface des champs de culture du cannabis au monde, soit 47.500 hectares contre 12.000 ha en Afghanistan et au Mexique qui complètent le podium, indique le rapport de l’Onudc. Un podium révélé il y a près de deux mois par le département d’Etat américain. «Le Maroc reste une principale source du cannabis, devancé seulement par l’Afghanistan dans la production du haschisch ou résine de cannabis», a souligné le ministère des Affaires étrangères américain dans son rapport sur «la stratégie de contrôle international des narcotiques», publié le 12 mars 2013.

Le Maroc, plaque tournante du narcotrafic

Au Maroc, les exploitations sont situées notamment dans les régions du Rif, durement frappées par un chômage chronique et la pauvreté des infrastructures socio-éducatives. La drogue est effectivement un filon rentable pour les quelques 800.000 producteurs spécialisés, que compte le Maroc. Ils peuvent gagner chaque année jusqu’à 40.000 dirhams. Au niveau national, l’Onudc évalue le chiffre d’affaires des producteurs à plus de deux milliards de dirhams, soit 214 millions de dollars.

En ce qui concerne les exportations marocaines de cannabis, elles ont rapporté l’an dernier plus de 10 millions d’euros, soit un peu plus de 114 milliards de dirhams. Au fil du temps, le Maroc s’est forgé un statut de plaque tournante du trafic mondial de drogue. «La plupart des grandes expéditions de haschisch marocain à destination de l’Europe sont transportées par bateaux à moteur et par d’autres petites embarcations… compte tenu de sa situation géographique et de ses infrastructures de transport, le Maroc sert de zone de transbordement pour la cocaïne en provenance d’Amérique latine qui est introduite clandestinement par l’Afrique de l’Ouest pour l’acheminer vers l’Europe», ont expliqué les enquêteurs du département de John Kerry, dans leur rapport. D’ailleurs, le ministère espagnol de l’Intérieur a annoncé samedi une saisie de près de 900 kg de drogue, cachés dans des caisses de poissons congelés, et l’arrestation de 14 personnes, suspectées d’être des narcotrafiquants, au cours d’une opération menée dans le sud de l’Espagne.

Il faut toutefois noter la baisse de la production de drogues au Maroc, sous l’effet du programme national de lutte antidrogue. Depuis 2005, le pouvoir marocain procède à une campagne d’arrache et de destructions des surfaces de culture de cette plante hallucinogène. Ainsi, les superficies plantées sont passées de 134.000 hectares en 2003 à 56.000 hectares en 2009, pour s’établir en 2013 à 47.500 hectares.

Des institutions corrompues

Malgré ces efforts, l’Algérie, qui a, entre autres, conditionné l’ouverture de sa frontière à la coopération effective du Maroc pour arrêter les flux de trafics, notamment de drogues, reste très critique. « Les efforts attendus en matière de coopération et de lutte contre les trafics de drogue n’ont pas été au rendez-vous comme nous l’avions espéré et les quantités de poison déversées sur l’Algérie ont atteint désormais des proportions inquiétantes », a déclaré Amar Belani, le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, à travers un communiqué, répondant aux atermoiements des autorités marocaines concernant les relations algéro-marocaines.

Une inquiétude grandement partagée par les Etats-Unis, qui, de leur côté, ont dénoncé dans le rapport du département d’Etat que «la corruption de la police et le laxisme tacite dans l’application des lois contre ce fléau demeurent un problème au Maroc». Le fléau du narcotrafic s’est effectivement enraciné dans les institutions marocaines. Au mois de janvier 2009, 96 personnes dont bon nombre appartiennent aux Forces armées royales marocaines ont été mises en examen suite au démantèlement d’un important réseau de trafic de drogue entre le Maroc, la Belgique et les Pays-Bas via l’Espagne. 26 civils, 29 éléments de la marine royale, 17 gendarmes, 23 éléments des forces auxiliaires et un soldat, figuraient parmi les prévenus.