Au Maroc, la liberté de culte a ses limites, surtout pour les marocains musulmans. Le récent cas d’un marocain converti au christianisme et condamné par la justice à 30 mois de prison a fait couler de l’encre. Accusé de prosélytisme auprès de ses concitoyens, l’homme avait été emprisonné. Finalement il vient d’obtenir la liberté provisoire.
Mohamed El Baladi, le marocain converti au christianisme qui a suscité l’empathie de la société marocaine, a finalement obtenu une chance d’échapper à la prison. Après que la justice l’ait condamné à 30 mois de prison et à une amende de 5000 dirhams pour s’être tourné vers une autre religion, la Cour d’appel de Fès a accordé la liberté provisoire à Mohamed El Baladi, rapporte le quotidien en ligne Yabiladi.
Arrêté par la police le 28 août, quelques jours plus tard, le 3 septembre, ce marocain âgé de 34 ans, avait été condamné par le tribunal de première instance de Taounate, dans la région montagneuse de Taza-Al Hoceïma-Taounate, située au nord du Maroc. Il était alors accusé de nuire à l’islam en prêchant en faveur du christianisme dans son village, dans le but de convertir les jeunes habitants. La justice avait alors invoqué l’article 220 du Code pénal, qui stipule que « est puni d’emprisonnement de 6 mois à 3 ans et d’une amende de 100 à 500 dirhams, quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion, soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d’enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats ». L’histoire est allée loin pour le marocain. Ce dernier avait alors été reconnu coupable de prosélytisme, condamné, il avait subi des réprimandes de la part de ses co-détenus et sa famille subissait une sorte de « quarantaine sociale » dans leur village.
Durant plusieurs semaines, le marchand ambulant a reçu des soutiens de toutes parts, son cas a ému et parfois révolté l’opinion internationale. Une pétition avait même été lancée, et avait recueilli 1229 signatures. Cette mobilisation a-t-elle permis de libérer le prévenu ? Elle a sûrement dû y contribuer. De plus, si lors de son premier procès, l’homme avait dû se défendre seul, sans avocats, lors du second, une défense lui a été assurée. Cette liberté provisoire qu’il est parvenu à gagner ne lui assure pas encore le non-lieu, et il reste accusé de prosélytisme. Cependant, il s’agit d’une première victoire pour le Marocain qui peut désormais espérer vivre son culte en toute liberté.