La nouvelle est tombée peu après la rupture du jeûne : une attaque terroriste au Mont Chaambi en Tunisie a fait neuf morts et plusieurs blessés dans les rangs de l’armée.
Pire qu’une bravade, un bras d’honneur. A peine le Premier ministre avait-il achevé son allocution que des terroristes lançaient ce lundi une attaque contre l’armée tunisienne au mont Chaambi, près de Kasserine. L’embuscade a fait neuf morts. Des militaires ont été égorgés, d’autres mutilés au niveau des organes génitaux. Et le bilan devrait s’alourdir puisque de nombreux soldats ont été blessés, certains grièvement. Après le massacre, les terroristes ont emporté avec eux les armes des victimes.
Des sources militaires indiquent que l’attaque pourrait porter la marque de groupes affiliés à Al Qaeda, via la phalange Okba Ibnou Nafaa. Le mouvement extrêmiste avait été identifié en décembre 2012 après le premier meurtre d’un agent des forces de l’ordre. Depuis, des opérations de ratissage régulières étaient organisées sur le mont Chaambi, à une centaine de kilomètres à peine de la ville algérienne de Tebessa. Le terrain n’est pas favorable à l’armée : le djebel s’étend sur 100 km², dont 70 km² de pins d’Alep et possède peu de pistes.
Quelques minustes avant l’embuscade, le Premier ministre tunisien mettait en garde contre les risques qui pèsent sur le pays. Très remonté, Ali Laârayedh a prévenu : « Le terrorisme n’a pas d’avenir en Tunisie. » Le chef du gouvernement a aussi rappelé que les victimes ne sont pas seulement Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, deux responsables politiques assassinés cette année devant leur domicile, citant à titre d’exemple les événements de Djerba en 2002, ceux de Soliman en 2006 et Rouhia en 2011.
A chaque événement, une constante: des accusations portées contre l’étranger. Un salafiste franco-tunisien qui a passé toute sa vie dans l’Hexagone pour les meurtres de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. En ce qui concerne le mont Chaambi, le porte-parole du ministère de l’intérieur disait dans Le Monde en juin : « Sur trente-cinq hommes identifiés, onze sont algériens. Leur but est d’établir un camp d’entraînement et d’y attirer de jeunes recrues. » Quant aux armes, elles proviendraient de Libye et du Mali.
La Tunisie veut donc croire qu’elle est la cible d’une déstabilisation conçue hors de ses frontières. Qu’il n’y a pas de « terrorisme domestique. » Elle veut le croire mais ne peut l’attester avec certitude. Fin juin, en annonçant son départ à la retraite, le chef d’état major Rachid Ammar dénonçait la dislocation des services de renseignement. Le haut gradé se montrait alarmiste pour l’avenir, disant craindre une « somalisation » du pays. Malheureusement pour la Tunisie, la suite des événements semblent lui donner raison.