Le Maroc a décidé de « désacraliser » la langue arabe qui a connu une généralisation tous azimuts ces trente dernières années. Ce sursaut de pragmatisme s’est traduit par une réforme du système éducatif visant à favoriser son ouverture sur des langues vivantes à l’instar du français et de l’anglais.
Envers et contre tous, le ministre de l’Education marocain, Rachid Belmokhtar, a réussi à obtenir l’onction du roi pour mettre en place un «plan de sauvetage de l’enseignement public» à travers la généralisation de l’enseignement en langues française et anglaise dès la première année primaire.
En plus des conséquences bénéfiques que cette reforme engendrera à l’avenir, avec l’ouverture du système éducatif marocain sur d’autres langues et sur d’autres cultures, celle-ci a pour mérite également de désacraliser une langue qui connaît aujourd’hui de grandes difficultés d’un point de vue pratique. L’abandon de la politique d’arabisation et la désacralisation de l’arabe considéré dans tous les pays du Nord de l’Afrique comme « LA » langue de l’État aura également pour effet collatéral, l’affaiblissement du courant islamo-conservateur incarné au Maroc, par le Premier ministre Benkirane du Parti pour lajustice et le développement (PJD), qui s’est distingué par son opposition farouche à ce plan de reforme accueilli avec virulence devant la Chambre des conseillers le 1er décembre 2015.
Concrètement, cette réforme s’étale sur 15 ans. Les mesures phares sont l’enseignement de la langue française à partir de la première année primaire et la généralisation de l’enseignement des matières scientifiques et techniques en français et en anglais, qui, pour sa part, sera enseigné à partir de la quatrième année primaire. Ce plan ambitieux vise à ancrer le Maroc dans la modernité et faire barrage au courant conservateur qui a fait de la langue arabe son fonds de commerce.
Pendant ce temps, chez nous en Algérie, la langue arabe est plus que jamais instrumentalisée. Elle fait l’objet de toutes les manipulations de la part du pouvoir et du courant islamo-conservateur, au mépris du pragmatisme qu’impose un monde qui ne jure que par la technologie.
Massi M.