Le sous-secrétaire d’État américain chargé des Affaires politiques, Thomas Shannon, effectue, depuis le 16 février, une tournée dans plusieurs pays maghrébins et sahéliens. Le but manifeste de ce périple diplomatique : coordonner les efforts dans le cadre d’une intervention militaire imminente en Libye.
La visite du sous-secrétaire d’État américain intervient dans un cadre marqué par un climat régional tendu. Le conflit libyen constitue, à ne pas douter, le sujet phare des discussions entre le responsable étasunien et ses homologues du Maghreb et du Sahel.
La première destination de l’émissaire américain: Rabat , où il rencontre, les 16 au 17 février, des responsables marocains. Le royaume chérifien entretient de solides relations avec les USA. Le niveau de coopération entre les deux pays est très élevé. Précisons à cet effet que le Maroc joue un rôle important dans le processus de règlement politique du conflit en Libye, un rôle qu’elle dispute à l’Algérie depuis l’engagement d’un cycle de négociation, sur ses terres, entre les factions libyenne qui s’entre-déchirent pour le pouvoir.
Après le Maroc, le diplomate américain se rendra en Tunisie pour une visite de deux jours, les 18 et 19 février. La Tunisie est également un pays « ami » des États-Unis, notamment depuis l’octroi à cet Etat le statut d’allié majeur non membre de l’OTAN, qui est, faut-il le noter, le statut le plus élevé que les USA accordent à des pays avec lesquels elle entretient des relations stratégiques, surtout sur le plan de la coopération militaire.
Il est clair que le Maroc et la Tunisie joueront, de par leur statut de partenaire stratégique de l’OTAN, un rôle décisif dans une éventuelle intervention en Libye, notamment pour couper les voies de repli aux organisations terroristes fuyant les bombardements envisagés des alliés.
Puis viendra le tour de l’Algérie à laquelle le sous-secrétaire d’État américain rendra visite du 20 au 22 février. L’Algérie, un pays incontournable dans l’optique d’une opération militaire en Libye. En effet, l’Algérie joue, pour sa parti, un rôle de premier plan dans le processus de règlement politique du conflit libyen. La vision de l’Algérie repose essentiellement sur un règlement du conflit dans le cadre d’une négociation inclusive, à l’image de celle menée entre les parties en conflit au Mali.
Que vient chercher le secrétaire d’État américain en Algérie ?
Quelques éléments concrets peuvent éclairer sur l’objet de la visite de l’émissaire américain dans notre pays. Les États-Unis entretiennent de bonnes relations avec le gouvernement algérien, dont la lutte antiterroriste constitue le fer de lance. Une action militaire en Libye sera très difficile à envisager sans l’appui de l’Algérie. Cet appui peut prendre diverses formes: une coopération dans le domaine du renseignement où encore une ouverture de l’espace aérien algérien pour les forces de l’OTAN comme ça a été le cas lors de l’intervention française au Mali en 2013.
Une opération militaire d’envergure en Libye nécessitera également une large coordination avec les pays du Sahel, toujours dans la perspective de couper les voies de repli et d’empêcher l’arrivée de renforts d’organisations terroristes telle Boko Haram. Ainsi, des visites au Burkina Faso (du 22 au 23 février) et au Mali (le 24 février) sont prévues dans l’agenda de M. Shannon.
A noter que la visite du diplomate américain dans ces pays sera ponctuée de plusieurs rencontres avec des acteurs économiques et culturels s’inscrivant dans la doctrine du «Smart-Power», la force intelligente qui consiste à allier la force militaire à la coopération dans d’autres domaines afin de renforcer les liens entre les USA et ses partenaires.
Massinissa Mansour