Sur le marché marocain de l’immobilier résidentiel, les prix se maintiennent en 2011 ; le léger recul global est en effet compensé par une hausse des prix dans le segment clé des appartements, ainsi que dans certaines régions du pays où la demande est particulièrement élevée. Le segment des locations résidentielles a lui aussi bien résisté. Malgré la vague d’agitation politique qui a touché l’Afrique du Nord au début de l’année, le développement de projets immobiliers d’envergure est globalement bien engagé, et les investisseurs nationaux et les logements à bas prix devraient stimuler la croissance.
D’après les chiffres publiés en février par Bank Al Maghrib, la banque centrale du Maroc, qui affichaient fin septembre une hausse de 2.4 % en glissement annuel, les prix de vente des biens immobiliers résidentiels ont accusé une légère baisse à la fin de l’exercice 2010, après un dernier trimestre moins dynamique ; ils étaient en effet inférieurs de 0.9 % à leur niveau de fin 2009, et inférieurs de 2 % à celui de fin septembre. Néanmoins, la valeur des ventes d’appartement, qui représentent la majorité des transactions, a enregistré une légère hausse (+0.3 %) par rapport à l’exercice précédent.
Un certain nombre de régions, notamment Fès-Boulemane et Marrakech-Tensift-El Haouz, ont, elles aussi, contré cette tendance à la baisse, en affichant des hausses de prix notables. La valeur de mise en vente des appartements et des maisons a augmenté de 1.3 % et 2.3 %, respectivement, dans la capitale économique du pays, Casablanca, qui a totalisé 40 % de l’ensemble des ventes. Les prix se sont également bien maintenus au vu de la chute de 28.4 % du nombre de transactions enregistrées au quatrième trimestre 2010 par rapport à la même période en 2009.
Le marché des locations résidentielles semble plus fort ; les agences immobilières font état d’un solide exercice 2010 en termes de locations, et confirment leur optimisme pour 2011. Les prix des locations auraient augmenté dans les capitales politique et économique du pays, Rabat et Casablanca, en particulier.
Les récents événements politiques qui ont marqué la région ont eu des répercussions sur le secteur en 2011. En avril par exemple, le promoteur Sorouh Real Estate, basé à Abou Dhabi, a déclaré avoir suspendu un projet de développement immobilier à usage mixte de 200 hectares au Maroc en raison des troubles qui ont secoué d’autres régions d’Afrique du Nord.
D’autres projets soutenus par des sociétés implantées dans les pays du Golfe semblent néanmoins se poursuivre conformément aux prévisions. Al Maabar, par exemple, également implantée à Abou Dhabi, a déclaré en janvier que la première phase de son projet d’aménagement communautaire Bab Al Bahr, chiffré à 750 millions de dollars, a été achevée. Ce projet vise à aménager les rives du fleuve Bouregreg, qui sépare Rabat de la ville voisine, Salé. La société, qui mentionne avoir constaté une demande soutenue au Maroc, a déclaré en avril avoir initié la seconde phase du projet, qui devrait prendre fin en 2013-14. Il s’agit d’une joint venture à 50/50 conclue avec l’Agence pour l’aménagement de la vallée de Bouregreg. Une fois achevé, l’espace aménagé comprendra environ 1 700 unités résidentielles, 60 000 mètres carrés d’espaces commerciaux, 61 000 mètres carrés d’espaces de bureaux et deux hôtels.
Ces dernières années, l’attention s’est principalement portée sur les projets soutenus par des investisseurs des pays du Golfe. Cependant, des investisseurs nationaux contribuent également à la croissance du marché. En octobre par exemple, un consortium regroupant quelques-uns des principaux groupes d’investissement du Maroc a annoncé la création d’un fonds commun de 2.25 milliards de dirhams (197.7 millions d’euros) qui permettra d’investir dans le développement immobilier, et en particulier dans des projets d’aménagement dans le nord et le nord-ouest du pays. Les principaux investisseurs du fonds, baptisé A6 Immobilier, comprennent Chaabi Capital, du groupe Chaabi, Wafa Assurance, soutenue par l’ONA et la SNI, la Société Maroc-Émirats Arabes Unis de Développement et la Caisse interprofessionnelle marocaine des retraites, qui ont toutes accepté de contribuer au fonds à hauteur de 400 millions de dirhams (35.1 millions d’euros). D’autres investisseurs contribuent plus modestement à ce fonds d’investissement, notamment la Caisse de dépôt et de gestion, une institution financière publique.
Les segments des logements sociaux et des logements à bas prix continuent également de figurer parmi les principaux leviers de croissance du marché de l’immobilier. Après avoir offert des avantages fiscaux significatifs aux promoteurs pour les inciter à construire des logements sociaux, Ahmed Toufiq Hejira, ministre du Logement, a annoncé en février que le gouvernement formait à l’heure actuelle un comité interministériel afin d’aider les sociétés de ce segment à surmonter les retards administratifs subis au cours du processus de développement.
Le comité sera composé de représentants de plusieurs ministères, notamment les ministères de l’Intérieur, des Finances et du Logement. M. Hejira a indiqué que 140 sociétés avaient d’ores et déjà signé avec le gouvernement des accords portant sur la création de logements sociaux, et que 600 000 unités étaient déjà en chantier ; entre 50 000 et 60 000 de ces unités devraient être achevées cette année.
L’un des principaux accords conclus récemment dans ce segment a été rendu public en mars, lorsque Addoha, géant marocain de l’immobilier, a annoncé la création d’un partenariat avec l’Agence de logements et d’équipements militaires (ALEM) portant sur la construction de 37 000 nouvelles unités d’habitation, pour un coût estimé à quelque 10 milliards de dirhams (878.5 millions d’euros). Les membres des forces armées seront prioritaires pour se porter acquéreurs de ces unités. En vertu de cet accord, l’ALEM fournira le terrain, tandis qu’Addoha assurera le financement et la réalisation de ce projet d’aménagement. Si le secteur n’a pas encore totalement retrouvé son dynamisme antérieur, on observe cependant des signes encourageants dans un éventail de segments, et les perspectives restent favorables pour le marché immobilier marocain.
Oxford Business Group