Analyse. Maroc : Sur la voie du progrès (OBG)

Redaction

Malgré les troubles régionaux et la hausse des prix des denrées, qui creusent le déficit de la balance commerciale depuis le début de l’exercice, divers facteurs laissent entrevoir des perspectives encourageantes pour l’économie marocaine en 2011, notamment une excellente récolte et une diversification continue. Les chiffres de 2010 et des cinq premiers mois de 2011 mettent également en évidence un taux d’inflation resté particulièrement bas.

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) marocain a annoncé début juin que le PIB avait affiché en 2010 une croissance de 3.7 % en termes réels, une progression enregistrée pour la 13e année consécutive. Ce résultat final est supérieur de 0.5 point de pourcentage à l’estimation donnée en mars par le HCP, et que le FMI a publiée dans les Perspectives de l’économie mondiale du mois d’avril. Si le PIB agricole a enregistré un léger déclin, la croissance du secteur non agricole s’est établie à 4.5 %, un résultat qui témoigne de la diversification croissante du Maroc, dont l’économie était autrefois dominée par le secteur agricole. L’augmentation de la valeur des exportations de biens et services (+ 4.7 %) a également contribué à soutenir l’expansion. Ce chiffre porte la croissance annuelle moyenne des cinq dernières années à 4.9 %, contre 2.9 % et -0.4 %, respectivement, pour les deux demi-décennies précédentes, et met en avant le degré de transformation de l’économie sur ces 15 dernières années.

Au Maroc, d’après les chiffres publiés en avril par le FMI dans les Perspectives de l’économie mondiale, les conditions sont réunies pour une nouvelle année de forte expansion en 2011, avec un PIB qui devrait poursuivre sa dynamique de croissance et s’établir à environ 3.9 % en 2011. Le gouvernement affiche un optimisme encore plus grand, puisque le ministère des Finances anticipe une croissance de 5 %. L’excellente récolte que laissent présager les conditions météorologiques favorables du début de l’année devrait soutenir un taux de croissance élevé ; l’agriculture reste en effet un secteur déterminant, malgré la diversification opérée par le Maroc. D’après l’évaluation du gouvernement, la récolte céréalière devrait s’élever à 7 millions de tonnes ; cependant, la banque centrale, Bank Al Maghrib, a annoncé en juin qu’elle atteindrait 7.8 millions de tonnes.

Le secteur touristique laisse également augurer une expansion soutenue. Bien que plusieurs destinations marocaines aient connu un recul quant au nombre de nuitées au terme du premier semestre, exacerbé davantage par l’arrivée du mois de Ramadan en pleine haute saison, les recettes du secteur ont affiché une hausse de 8 % en glissement annuel pour les cinq premiers mois de 2011. La reprise économique en Europe a également entraîné une augmentation des envois de fonds de 6.8 % de janvier à mai.

L’inflation reste rigoureusement contrôlée ; elle s’établit à un peu moins de 1 % en 2010 d’après les estimations du FMI, un chiffre pratiquement inchangé par rapport à 2009. Au mois de mai, l’indice des prix à la consommation était au même niveau que lors de l’exercice précédent, le repli de 0.8 % des prix des denrées alimentaires ayant efficacement compensé la hausse de 0.8 % des prix des denrées non alimentaires. Cependant, le taux d’inflation sous-jacent, qui ne tient pas compte des marchandises dont les prix sont considérés comme volatiles, ou fixés par l’État, atteignait 1.4 % en mai. Alors que les estimations publiées dans les Perspectives de l’économie mondiale anticipaient un taux d’inflation de 2.9 % sur l’ensemble de l’exercice 2011, au mois de juin, Bank Al Maghrib a revu ses prévisions à la baisse pour 2011, de 2.1 % à 1.4 %, conséquence, en grande partie, de la chute des prix des marchandises alimentaires. La banque centrale a donc décidé de ne pas modifier le taux d’intérêt de référence, fixé à 3.25 %.

D’après le HCP, le taux de chômage officiel a reculé au premier trimestre 2011 pour atteindre 9.1 %, après s’être établi à 10 % au premier trimestre 2010, puis 9.2 % au dernier trimestre 2010. Le taux de chômage en milieu urbain (13.3 %) a perdu 0.4 point de pourcentage par rapport au niveau du dernier trimestre 2010, tandis que le taux de chômage en milieu rural (4.3 %) a augmenté de 0.1 point de pourcentage.

De la même façon, les chiffres officiels du chômage urbain dans la tranche d’âge des 15-24 ans ont accusé un fléchissement de 2.3 points au trimestre précédent, une tendance encourageante dans la mesure où le chômage des jeunes en zone urbaine est l’un des plus tenaces. Si le taux de chômage a légèrement fluctué ces dernières années, les estimations officieuses suggérant souvent une hausse du nombre de demandeurs d’emploi, sur le long terme, la poursuite de la croissance a efficacement contribué à la baisse du taux de chômage, qui atteignait 14-15 % à la fin des années 1990.

Les performances de divers indicateurs restent solides, mais l’économie est confrontée à quelques difficultés en 2011. Les prix élevés du pétrole et du blé ont contribué à l’aggravation du déficit de la balance commerciale de janvier à mai (+25 % par rapport à la même période en 2010), désormais chiffré à 76.6 milliards de dirhams (6.65 milliards d’euros). L’augmentation de la valeur des ventes de phosphate et de produits dérivés du phosphate à l’étranger (+50 %) a contribué à la hausse de 22 % des exportations au cours des cinq premiers mois de 2010, chiffrées à 69.9 milliards de dirhams (6.07 milliards d’euros). Cependant, la valeur des importations a progressé de façon plus importante (+23.7 %).

Les importations de pétrole en volume ont reculé de près de 5 % au cours des cinq premiers mois de 2010, mais ont malgré tout alourdi la facture des importations, en raison d’une hausse du prix moyen du pétrole au cours de cette période (+31 %). Les importations de blé ont progressé en volume (+43 % en glissement annuel) et en coût, les prix sur le marché international ayant subi une augmentation de 66 %.

Bien que certains des gains économiques du Maroc soient érodés par la hausse des coûts des importations, la croissance du PIB et le recul du taux de chômage devraient permettre au pays de maintenir sa dynamique de croissance.

Oxford Business Group

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