Après un début d’année mouvementé, au cours duquel l’économie nord-africaine, auparavant solide, s’est contractée, la Tunisie a bien l’intention de retrouver une dynamique positive.
L’économie tunisienne voyait une croissance stable au cours des années récentes, grâce à une base des exportations diversifiées et un réseau d’infrastructure bien-équipé, et bien que les estimations de la Banque africaine de développement (BAD) datées du mois d’août suggèrent que la croissance du PIB pourrait toucher à 0,7% d’ici la fin de l’année, le ministre des Finances Jalloul Ayed a constaté début septembre qu’il était probable que l’économie tunisienne affiche des chiffres stagnants jusqu’à fin 2011, contrastant avec la progression de 3,7% enregistrée par le PIB en 2010.
« La croissance ne va pas être très bonne » a déclaré Ayed à Reuters. « Nous espérions un taux de croissance du PIB qui se situerait entre 0 et 1% et il semble maintenant qu’il y ait une possibilité qu’il soit négatif. Cependant, tout dépend de la manière dont l’économie fonctionne durant le second semestre de cette année »
Le ministre de la Planification et de la Coopération Internationale Adelhamid Triki a lui aussi reconnu fin août que les recettes touristiques et celles du secteur de l’énergie étaient bien en dessous de la moyenne. Il a cependant attiré l’attention sur la production industrielle et les investissements, qui commencent à repartir à la hausse, suscitant l’espoir d’un renforcement de la performance économique du pays à l’horizon 2012.
Au début du mois de septembre le Conseil d’Administration de la banque centrale a réduit son taux d’intérêt directeur de 50 points de base, le faisant passer à 3,5%. Il s’agit de la deuxième réduction depuis le mois de juin. Il espère ainsi stimuler les dépenses intérieures et attirer davantage de capitaux.
« Afin de relancer l’activité économique et de contribuer à la concrétisation des intentions d’investissement en limitant les charges financières des entreprises, le Conseil d’Administration a décidé de réduire de nouveau le taux directeur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) d’un demi-point de pourcentage pour le ramener à 3,5% » pouvait-on lire dans un communiqué de la banque annonçant cette mesure.
Le secteur extérieur tunisien a également été touché par les troubles politiques qui ont secoué d’autres pays d’Afrique du Nord – la violence en Libye, qui a fait fondre le nombre de visiteurs et fortement ralenti le commerce, en est le meilleur exemple. La crise de la dette qui se poursuit dans la zone euro, principal marché touristique et marché d’exportation de la Tunisie, et source d’une grande partie de ses investissements directs étrangers (IDE), a eu des répercussions visibles sur les chiffres du tourisme et les flux d’exportation. L’attitude prudente des touristes étrangers et des investisseurs a largement asséché le flux des revenus extérieurs mais il est probable qu’ils affluent de nouveau une fois la confiance restaurée.
La Tunisie a chuté huit rangs au classement du Global Competitiveness Report (Rapport mondial sur la compétitivité) du Forum économique mondial en raison des troubles, mais elle conserve sa place d’économie la plus compétitive d’Afrique et le 40ème au niveau mondial, battant de dix places le second pays du continent du classement – l’Afrique du Sud.
L’un des plus grands problèmes auquel le pays doit faire face est celui du chômage : les chiffres officiels estiment le nombre de chômeurs à 700000, a déclaré Ayed fin septembre. Pour aider les personnes sans emploi à retrouver du travail, la Tunisie cherche à obtenir 125 milliards de dollars de financement sur les cinq prochaines années afin de soutenir des projets de développement et de créer de nouveaux emplois. Au moins une partie de cette aide proviendra du Fonds Monétaire International, de la Banque Mondiale et de la Banque Africaine de Développement, ainsi que d’accords bilatéraux.
Ayed s’était exprimé, avant la réunion des ministres des finances et des organismes de financements qui a eu lieu le 12 septembre à Marseille – réunion qui s’est finalement clôturée sur une promesse de 38 milliards de dollars à la Tunisie, l’Egypte, le Maroc et la Jordanie pour renforcer l’économie de ces pays et les aider dans leur transition vers la démocratie- et avait déclaré qu’il était vital que les promesses soient tenues.
« Une des choses que nous espérons, c’est un réel engagement de la part des pays donateurs, des institutions financières, et pas seulement, une fois de plus, une déclaration de bonne volonté. » a déclaré Ayed. « Nous ne demandons pas de cadeaux. Notre message est le suivant : il va y avoir de grandes opportunités d’investissement dans notre pays. »
Si les aides promises sont débloquées rapidement et que les élections parlementaires, prévues le 23 octobre, se déroulent sans encombre et entraînent la formation rapide d’un gouvernement, alors la Tunisie devrait être en mesure de repartir sur de bonnes bases pour retrouver une croissance économique solide.
Oxford Business Group