Après le séisme, Tokyo craint une catastrophe nucléaire

Redaction

Les autorités japonaises craignent une fusion du coeur de deux réacteurs d’une centrale nucléaire du Nord-Est endommagée par le séisme de vendredi, dont le bilan pourrait dépasser 10.000 morts.
Le chiffre, cinq fois supérieur à l’état actuel des estimations, a été avancé par la NHK, le télédiffuseur public, qui citait un représentant de la police.

Au lendemain du séisme de 8,9 degrés de magnitude et du tsunami dévastateur qui a suivi, une explosion puis une fuite radioactive se sont produites samedi au réacteur n°1 de la centrale Daiichi de Fukushima, 240 km au nord de Tokyo, dont le combustible serait entré partiellement en fusion.

Selon le gouvernement, ce scenario pourrait se répéter avec le réacteur n°3. L’accident, d’une gravité sans précédent depuis celui de la centrale ukrainienne de Tchernobyl, en 1986, a d’ores et déjà suscité un vif débat sur la responsabilité des pouvoirs publics et sur les risques liés à l’industrie nucléaire dans un pays à forte activité sismique.

Les ingénieurs de Tokyo Electric Power Co (Tepco), opérateur de la centrale Daiichi, ont commencé à refroidir le coeur du réacteur n°3 à l’aide d’eau de mer pour éviter une nouvelle explosion, a fait savoir Tokyo, reconnaissant implicitement avoir réagi trop lentement avec le n°1.

« A la différence du réacteur n°1, nous avons ventilé et injecté de l’eau à un stade précoce », a expliqué Yukio Edano, secrétaire général du gouvernement lors d’une conférence de presse.

Une explosion n’affecterait probablement pas la structure qui renferme le coeur du réacteur, a-t-il toutefois assuré, jugeant peu probable que le combustible soit déjà entré en fusion, ce qui serait catastrophique.

PAS DE « MENACE IMMÉDIATE » DE CONTAMINATION

Il n’a en revanche pas exclu cette éventualité pour le réacteur n°1. « C’est une possibilité. Nous ne pouvons le confirmer parce que c’est à l’intérieur du réacteur, mais nous gérons la situation sur la base de cette présomption », a-t-il expliqué.

Selon David Lochbaum, directeur du programme de sûreté nucléaire à l’Union des scientifiques responsables, le recours à l’eau de mer signifie que le système de refroidissement est totalement hors service.

La radioactivité autour de la centrale dépasse le seuil de sécurité mais ne représente pas de « menace immédiate », assure quant à elle la compagnie Tepco.

Une évacuation a été ordonnée dans un rayon de 20 km autour de la centrale et 10 km autour des autres installations nucléaires situées à proximité. Environ 140.000 personnes ont quitté la région et les autorités s’apprêtent à distribuer des pastilles d’iode pour prévenir le développement de cancers de la thyroïde.

Cent quatre-vingt-dix personnes se trouvaient à moins de 10 km de la centrale lorsque la radioactivité a dépassé le seuil de sécurité et 22 contaminations ont été confirmées jusqu’ici.

Avant les révélations au sujet du réacteur n°3, l’agence de sûreté nucléaire des Nations unies avait classé l’accident au niveau quatre sur une échelle qui en compte sept. Tchernobyl a atteint le septième échelon et l’accident de Three Miles Island, survenu en 1979 aux Etats-Unis, était de niveau cinq.

Dans les décombres du Nord-Est, les opérations de secours se poursuivent avec l’aide d’équipes étrangères, mais l’inquiétude s’accroît a mesure que l’on découvre l’ampleur de la catastrophe.

Selon l’agence de presse Kyodo, le contact a été perdu avec 10.000 personnes dans une localité du nord-est, soit plus de la moitié de la population. Une vingtaine de Français étaient toujours recherchés samedi.

Paris a dépêché une équipe de sauvetage-déblaiement d’une centaine de personnes ainsi que 49 tonnes de matériel.

Reuters