L’armée israélienne intensifie son offensive terrestre à Gaza. Au 13e jour du lancement de l’opération Bordure Protectrice, les forces de Tsahal, entrées jeudi dans la bande de Gaza, pénètrent depuis ce midi plus loin dans les territoires palestiniens, atteignant des zones urbaines densément peuplées.
Assaut de l’armée israélienne à Chedjaia : 87 morts palestiniens
Tsahal a lancé hier soir un assaut contre le quartier de Chedjaia, situé à l’est de Gaza-City. Les journalistes présents sur place ont souligné l’extrême violence des bombardements navals et aériens qui accompagnent la progression des forces au sol. Des obus ont également été tirés par des chars israéliens sur des habitations.
Selon le ministre gazaoui de la Santé, 60 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées entre hier soir et ce midi à Chedjaia. Des milliers de personnes ont fui le quartier dans la nuit. Les nombreux blessés affluent dans les hôpitaux alentour, qui manquent de lits pour les blessés, d’espace pour les corps, et de matériel médical.
La Ligue arabe a dénoncé des « crimes de guerre contre les civils palestiniens et une escalade dangereuse qui pourrait avoir de lourdes conséquences ».
Mais le porte-parole de l’armée israélienne a posté un message sur Twitter qui accuse le Hamas d’être responsable de la mort des civils palestiniens. « Il y a plusieurs jours, nous avons exhorté les civils de Chedjaia à évacuer. Le Hamas leur a ordonné de rester. Le Hamas les a mis sur la ligne de front », a-t-il écrit. L’armée a également justifié son offensive en affirme que « Chedjaïa est une zone civile où le Hamas a placé ses roquettes, ses tunnels, ses centres de commandement ».
Afin de venir en aide aux blessés, l’organisation française Médecins sans frontières (MSF) a annoncé ce midi qu’elle allait renforcer sa présence sur place. Les forces de défense israélienne ont quant à elles décidé d’installer un hôpital de campagne au point de passage d’Erez, ce soir à 20 heures.
Dans la matinée, le Hamas avait demandé, par l’intermédiaire du Comité international de la Croix rouge (CICR), une trêve humanitaire pour évacuer les civils, secourir les blessés piégés dans les décombres et récupérer les corps. Israël avait accepté de stopper son offensive pendant 2 heures. Mais la trêve s’est presque immédiatement soldée par un échec, Israël reprenant ses tirs en accusant le Hamas d’avoir rompu la trêve.
Intensification de l’offensive terrestre israélienne
Dans un communiqué publié ce dimanche 20 juillet, l’armée israélienne a exprimé sa détermination à pousser plus loin son offensive terrestre. « La phase terrestre de l’opération Bordure protectrice s’étend avec des forces supplémentaire pour combattre le terrorisme dans la bande de Gaza et établir une réalité qui garantir aux Israéliens de vivre en sécurité », lit-on dans le communiqué.
Jusqu’à présent, les forces israéliennes opéraient dans une zone de 2,5 kilomètres de large à la frontière est de la bande de Gaza. Cette zone est désormais élargie à 3 kilomètres de large. Tsahal s’enfonce plus profondément dans les territoires occupés, atteignant de ce fait des zones urbaines densément peuplées.
En prévision des combats à venir dans ces zones, l’armée israélienne a demandé à la population de 4 autres quartiers de Gaza de quitter leur domicile.
Mahmoud Abbas reste discret
Ce dimanche à Doha (Qatar), le président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, doit rencontrer le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, ainsi que le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon. Ces rencontres ont pour but de discuter des revendications palestiniennes pour la mise en place d’un cessez-le feu.
13 jours d’une offensive meurtrière
L’offensive terrestre d’Israël dans la bande de Gaza dure depuis 4 jours. Elle a été lancé dans le but de détruire les tunnels qui permettent aux combats palestiniens de Gaza de s’approvisionner en armes, de lancer des roquettes et de s’infiltrer en Israël. 53 200 réservistes israéliens ont déjà été déployés dans la bande de Gaza.
Selon les officiels israéliens, l’offensive terrestre a porté ses fruits puisque 13 tunnels, 34 points d’accès et 95 lance-roquettes auraient été découverts et détruits. Comme le rapporte Radio France Internationale (RFI), l’armée aurait également « déjoué des tentatives d’infiltration d’hommes armés palestiniens déguisés en soldats de l’armée israélienne, avec des intentions d’enlever des Israéliens ».
Mais l’offensive terrestre de Tsahal a fait de très nombreuses victimes. Au total, les bombardements israéliens ont fait au moins 425 morts et 3 000 blessés. La plupart de ces victimes sont des civils. Les représentants de l’ONU à Gaza ont également fourni le chiffre de 62 000 réfugiés, un nombre « supérieur à celui du conflit de 2008-2009 ».
Côté israélien, 20 militaires israéliens sont décédés depuis le début de l’opération Bordure Protectrice.
Les roquettes du Hamas ne faiblissent pas
Bien que Tsahal ait affirmé que le Hamas a utilisé et perdu la moitié de son stock de roquettes depuis le début de l’offensive israélienne, les tirs contre Israël ne faiblissent pas. Selon RFI, 265 roquettes auraient été tirées depuis le début de l’opération terrestre. 105 d’entre elles auraient été interceptées par le Dôme de fer israélien. Samedi, ces tirs ont fait 2 victimes civiles dans le sud d’Israël.
En 13 jours, 1600 roquettes ont été lancées sur Israël. Selon un « décompte approximatif » du correspondant de RFI en Israël, « une roquette est lancée toutes les 10 minutes depuis la bande de Gaza ».
Manifestation pacifiste à Tel Aviv
Près de 300 personnes se sont rassemblées samedi soir à Tel Aviv pour dénoncer l’offensive israélienne et apporter leur soutien aux Palestiniens. Le réalisateur Shmulik Calderon, qui a participé à cette manifestation pacifiste, a tenu des propos particulièrement virulents au micro de RFI. « Ce qui se passe en ce moment, c’est un holocauste. C’est la Shoah du peuple palestinien », a-t-il déclaré.
La diplomatie s’agite mais n’agit pas
Les efforts diplomatiques pour aboutir à un cessez-le-feu se poursuivent, mais n’ont pour le moment produit aucun résultat.
Le chef de la diplomatie français, Laurent Fabius, a rencontré samedi soir le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et le ministre des Affaires étrangères israélien, Avigdor Lieberman. Suite à ces consultations, il a fait part aux médias de son inquiétude. « L’appel au cessez-le-feu n’est pas entendu et cela nous alarme profondément », a-t-il déclaré à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv. « La France continue et continuera à agir pour la paix et un cessez-le-feu en prenant en compte la sécurité d’Israël et les conditions de vie des Palestiniens », a ajouté Laurent Fabius.
Plusieurs autres pays sont activement impliqués dans ce processus diplomatique. L’Égypte tente de relancer le dialogue entre le Hamas et Israël, sans y parvenir pour le moment, notamment en raison des relations conflictuelles entre le président égyptien Al-Sissi et le Hamas (le second n’accepte pas que le premier ait renversé les Frères musulmans). Du fait de ce blocage diplomatique entre l’Égypte et le Hamas, la Turquie et le Qatar pourraient être appelé à jouer un rôle essentiel pour réunir les belligérants autour de la table des négociations.
L’ONU se contente quant à elle de déclarations. Le 12 juillet, le conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité une déclaration appelant Israël et le Hamas à cesser le feu et à « respecter les lois humanitaires internationales, notamment sur la protection des civils ». Dans cette déclaration, les 15 pays membres du Conseil de sécurité ont exprimé « leur soutien à une reprise des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens, avec pour objectif de parvenir à un accord de paix global fondé sur la solution à deux États ». Mais le texte du 12 juillet n’est qu’une simple déclaration de presse, pas une résolution contraignante.