Ben Ali brise le silence : « Je suis prêt à répondre devant un tribunal indépendant de toutes les accusations »

Redaction

Ben Ali a parlé. Ce titre fait la Une des médias tunisiens après que l’ancien président tunisien ait accordé une interview au journal en ligne. Tunisie Secret. Il s’agit du premier entretien qu’il a donné depuis son départ de Tunisie, le 14 janvier 2011.

Ces mots,  ces nouvelles, la Tunisie les attendait depuis près de deux ans. Il a enfin parlé, Zine El Abedine Ben Ali, le président tunisien déchu et désormais exilé en Arabie Saoudite a répondu à une interview exclusive, dans laquelle il revient sur les évènements qui l’ont poussé à fuir le pays. L’ex-président est dans la justification, voire la victimisation, tout au fond de l’entretien dans lequel il dément un grand nombre d’accusations portées à son encontre.

La fuite mystérieuse

Ben Ali apporte enfin des précisions sur sa fameuse fuite du pays lors du 14 janvier 2011. « On m’a persuadé que la vie de ma famille était en danger et qu’on ne pouvait plus assurer ma propre sécurité […] Mon intention n’était pas du tout de quitter la Tunisie. Mon devoir était de rester et de faire face aux différents complots qui se jouaient », explique-t-il au média tunisien. Selon l’ancien chef d’Etat, son intention était de regagner Tunis après s’être assuré que sa famille était en sécurité.  » J’ai attendu que l’avion fasse le plein en kérosène et que les cinq personnes de l’équipage se reposent un peu pour embarquer et repartir vers Tunis. Sans me prévenir, alors que j’attendais au salon d’honneur, l’avion a décollé sans moi à peine deux heures après notre arrivée », affirme-t-il. Mais pourquoi n’est-il pas revenu plus tard ? Il ne dit pas mot.

L’Arabie Saoudite ou l’Algérie

Pour son choix de destination, il explique qu’il n’a jamais « eu l’intention de me rendre en France, à l’inverse de ce qui a été dit. J’ai hésité entre deux pays frères, le royaume d’Arabie Saoudite et l’Algérie. J’ai finalement été guidé vers la terre du Prophète que la paix soit sur lui. »

Le président déchu revient également sur l’argent retrouvé dans les coffres de sa résidence. Il semblerait qu’il croit au coup monté, réfutant tout lien avec les biens retrouvés dans ces coffres.  « Tout ça à été enlevé et remplacé par des billets d’argent venus de je ne sais où. L’argent qu’il y avait représentait 10% de ce qu’on a montré au peuple tunisien. C’était la caisse noire du président de la République, comme tous les chefs d’Etat et même ministres dans certains pays de l’Occident. Mais bon, je comprends pourquoi ils ont fait tout ça. » Et il  confirme, dans cet entretien, la thèse selon laquelle le soir où il a quitté le territoire national il envisageait d’adresser à la nation un discours. « Mon discours a été rédigé le 14 janvier, le matin. Je voulais le prononcer à 8h du soir. Les six pages sont restées sur mon bureau à Carthage, lorsque j’ai accompagné ma famille à l’aéroport. »

« Je n’ai jamais donné le moindre ordre de tirer sur les manifestants »

Que s’est-il passé lors de la révolution ? L’ex-président donne enfin sa version des événements de 2011, et n’est pas dans la repentance mais plutôt dans le démenti. Ben Ali réfute les accusations portées contre lui. Il n’aurait pas été l’instigateur des violences commises contre le peuple tunisien lors des manifestations du printemps arabe. « Aucun ordre, qu’il soit écrit ou oral n’a été donné au ministère de l’Intérieur et au ministère de la Défense Nationale d’utiliser des armes à balles réelles. De là où je me trouve en ce moment, je le jure devant Dieu et devant le peuple tunisien que je n’ai jamais donné le moindre ordre de tirer sur les manifestants », a-t-il expliqué.

Justice

Deux ans après son exil, Ben Ali affirme être prêt à répondre de ses actes devant la justice. « Je suis prêt à répondre devant un tribunal indépendant de toutes les accusations qu’on m’a adressé. C’est à ce moment-là que mes compatriotes sauront toute la vérité. Ils sauront qui a tué les manifestants et sous les ordres de qui », a-t-il affirmé.