Boycott d’Israël / « Chanter à Tel Aviv c’est cautionner la colonisation de la Palestine »

Redaction

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La non-violence comme credo. La lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud comme modèle. Pour dénoncer l’occupation illégale des territoires palestiniens, des militants antisionistes, issus des quatre coins de la planète, appellent au boycott d’Israël. Un boycott absolu puisqu’il vise tant les institutions universitaires que culturels, sans oublier les produits fabriqués en Israël ou ses colonies.

La dernière victoire du mouvement Boycott Desinvestissement Sanction (BDS) : Orange qui a annoncé en juin dernier sa décision de mettre fin avec Partner, une entreprise israélienne qui fournit des télécommunications à Tsahal et installe des antennes-relais dans les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

À l’occasion du 10è anniversaire de Boycott Desinvestissement Sanction, Algérie-Focus s’est entretenu avec Imen Habib, l’une des animatrices de BDS France. Interview.

Propos reccueillis par Djamila OULD KHETTAB

Algérie-Focus : Qu’est-ce que la campagne Boycott Desinvestissement Sanction (BDS) ?

Imen Habib : Elle a été lancée en 2005 par plus de 170 associations issues de la société civile palestinienne et inspirées par la lutte victorieuse des anti-apartheid en Afrique du Sud. Le peuple palestinien a demandé aux sociétés civiles du monde entier de boycotter les entreprises israéliennes, aux sociétés privées et publiques internationales de rompre leur investissement en Israël et aux différents Etats de sanctionner Israël pour ses atteintes au Droit international. Mais, jusqu’à présent, Israël est resté impuni.

BDS fête cette année ses 10 ans. Un anniversaire heureux ?

Oui, le constat est encourageant. En 10 ans, la campagne a connu d’énormes progrès. Des artistes comme Lauren Hill, Massive Attack et Roger Waters de Pink Floyd ont renoncé à se produire en Israël. Des supermarchés britanniques ne vendent plus des produits fabriqués dans les colonies israéliennes. Orange a récemment abandonné son partenariat avec Partner [ndlr Stéphane Richard, PDG d’Orange, a toutefois défendu que ce retrait « n’avait absolument rien à voir avec un quelconque débat politique »]. La force de BDS c’est que ce sont les sociétés civiles qui prennent leur responsabilité car les gouvernements ne le font pas.

Mais, au Maghreb, le boycott d’Israël mobilise peu…

La campagne dans les pays arabes a beaucoup de potentiel. C’est d’ailleurs grâce aux efforts de BDS Egypte que la société Orange a fini par rompre son partenariat avec Partner. Au Maghreb, ça commence doucement. Des militants marocains ont ouvert un bureau BDS il y a deux ans. Ils sont très actifs contre l’arrivée de bateaux israéliens dans les ports du Maroc. C’est encourageant !

Sur le Web, différentes listes, parfois contradictoires, de produits à boycotter circulent. Quelle marques ciblez-vous ?

BDS n’appelle pas à boycotter tout et n’importe quoi. Le boycott large n’est pas efficace, il faut en priorité boycotter les produits en provenance d’Israël ou ses colonies, comme, par exemple, les fruits et légumes Carmel et Jaffa, Sodasteam, une machine à eau gazeuse fabriquée en Cisjordanie, Ahava, les cosmétiques de la Mer morte.

Vos contradicteurs vous reprochent d’être trop radical…

BDS n’est pas du tout radical, il s’appuie sur le Droit international. Si BDS est radical alors le Droit international l’est aussi. Que les artistes le veuillent ou non, chanter aujourd’hui à Tel Aviv, c’est cautionner la colonisation israélienne de la Palestine et blanchir le régime sioniste. Les artistes doivent comprendre qu’Israël se sert d’eux pour redorer son image sur la scène internationale, notamment suite aux massacres à Gaza. La campagne BDS est réfléchie et intelligente, elle ne touche pas les individus mais les institutions. On ne peut pas normaliser les relations avec un Etat criminel.

BDS a trois revendications principales, toutes fondées sur le Droit international : la fin de l’occupation des terres palestiniennes, l’égalité entre les citoyens juifs et arabes en Israël, le droit au retour des réfugiés palestiniens.

Pour consulter la liste exhaustive des marques à boycotter, rendez-vous sur le site de BDS.

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