Canal+ n’a pas d’interdits politiques dans son offre maghrébine

Redaction

canal Les Afriques: Quel bilan faites-vous de la présence de Canal+ en Algérie depuis six mois ?

Bruno Thibaudeau : Le bilan est positif. En arrivant ici en février 2009, nous savions qu’il y avait une attente. Nous nous sommes tout de suite dit que notre offre s’enrichirait au fil du temps. Au début, il n’y avait pas de sport, maintenant il y a le championnat de France de Ligue 1 et la Premier League anglaise. L’offre sport a été améliorée en injectant du rugby (championnat de France Top 14) et des émissions de plateau d’analyse du football français, anglais, et du rugby. Notre nouvelle chaîne, « Ma Chaîne Sport », diffuse du football et d’autres disciplines sportives comme la natation, l’athlétisme et le tennis. Donc si nous montons en puissance, c’est que nous avons eu des échos plutôt positifs.

LA : Vous réduisez de 40% les prix des cartes. Est-ce pour amplifier cet « écho positif » ?

BT : Dès le début, la presse algérienne nous suggérait de baisser les prix. Il est évident qu’on ne peut pas faire n’importe quoi. Il y a un prix de revient à ce qu’on propose. En ce moment, nous faisons une promotion exceptionnelle de moins 40%, ce qui donne, par exemple, 8000 DA (80 euros environ) pour les cartes de six mois, au lieu de 12 000 DA. C’est un mouvement très significatif qui a nécessité énormément de négociations avec les chaînes et autres partenaires. Nous pensons qu’il faut investir dans le contenu et trouver le « bon prix » – même si on nous dira toujours que c’est un peu cher – pour qu’un nombre plus important de personnes puisse y accéder, notamment au sein des classes moyennes. L’Algérie est un grand marché, il y a des gens qui veulent un bouquet familial francophone, couplé à une offre gratuite arabophone, parce que sur Arabsat c’est quand même plus de 300 chaînes.

LA : Vous disposez déjà de 68 points de vente en Algérie…

BT : …Je pense qu’il y en a beaucoup plus. Ceux que vous voyez sur le site web sont les plus importants. Hier soir, nous avons justement travaillé avec nos partenaires algériens sur les informations clients qu’il faut fournir pour que les futurs abonnés puissent savoir où acheter leur carte et se procurer les papiers prouvant que c’est une carte légale et garantie.

LA : Peut-on avoir une idée sur le nombre d’abonnés ?

BT : C’est encore trop tôt. Nous ne nous sommes pas fixés d’objectifs. On ne s’est pas dit qu’on allait faire 150 000 ou 200 000 abonnés par an. Nous avons démarré réellement en mars, puis il y a eu les vacances, maintenant c’est le ramadan, il va y avoir les fêtes, on fait une promotion qui sera suivie d’une campagne, après on va voir comment tout cela se dessine. Quand on aura un an de présence, on fera une communication pour faire un bilan chiffré.

LA : Vous ciblez quels créneaux pour faire la différence avec la concurrence ?

BT : La concurrence est principalement positionnée en sport, même si des cartes comme celles d’Art ont d’autres thèmes à proposer, mais la chaîne Al Jazeera est carrément en sport avec des droits très forts.
Ce que nous proposons à Canal+, ce sont des programmes adressés à toute la famille. Il y a du sport, mais également des chaînes d’infos, de jeunesse et de cinéma.

LA : Comment se présente le lancement de la carte Canal+ au Maroc et en Tunisie ?

BT : Nous avons les mêmes remontées d’informations qu’en Algérie, même si nous avons commencé un peu plus tard qu’ici. Les Marocains sont très accros au championnat de football espagnol. Ici, c’est plus éparpillé. Les Algériens suivent plusieurs championnats, dont la Ligue 1. Au niveau commercial, on pense que ce sont des marchés similaires. En Tunisie, le dossier de lancement est en cours. Ça viendra, nous ne sommes pas inquiets.

LA : Prévoyez-vous des émissions spécifiques pour le Maghreb ?

BT : Nous travaillons sur une émission d’analyse sur le sport qu’on produirait spécifiquement avec des journalistes algériens, marocains, et tunisiens lorsque la Tunisie sera ouverte.

LA : Des émissions politiques aussi ?

BT : Nous n’en avons pas encore les moyens. Ce genre d’émissions coûte énormément d’argent, dès lors que vous faites des émissions hebdomadaires, alors là quand elles sont quotidiennes ! Mais cela fait partie de notre plan. Si nous voyons que cela fonctionne bien en Algérie, notre intérêt est de réinjecter l’argent dans la communication et dans les programmes.

LA : Quels sont les interdits sur les programmes de Canal+ destinés au Maghreb ?

BT : Les seuls interdits qui sont importants et qui sont respectés sont ceux qui tournent autour des mœurs. Mais il n’y a pas d’interdits politiques.

Propos recueillis par Mohamed Mehdi, Alger
(Les Afriques)

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