Le nouvel épisode de « Caricaturistes du monde arabe » se tourne sous le signe de l’Algérie avec Ali Dilem. Des révoltes de 88, au printemps arabe, le caricaturiste algérien revient sur sa carrière, ses attentes et surtout sa liberté.
Ses dessins ont fait sourire, ont indigné, ont fait rire ou encore ont choqué des milliers d’Algériens. Leur auteur n’est autre qu’Ali Dilem, le fameux caricaturiste du quotidien Liberté.
Depuis 1996, il dessine l’actualité pour le journal algérien, mais a plongé dans le métier de dessinateur de presse à Alger Républicain en 1989. Sa carrière démarrera sur les chapeaux de roues puisque il a été le premier à dessiner une caricature d’un président algérien en exercice. Il met alors en scène Chadli Bendjedid en train de jouer au tennis. La signature Dilem avait trouvé son ton et sa place dans le dessin de presse.
Métier à risque
Ali Dilem revient sur sa longue carrière de caricaturiste. Longues de dessins mais aussi de condamnations. Ses critiques envers le régime de Bouteflika lui ont valu de nombreuses récompenses… et une soixantaine de procès.
Il évoque d’ailleurs une condamnation qu’il a subi après avoir fait un dessin sur les nombreux pèlerins piétinés chaque année à la Mecque. L’humour noir du dessinateur est mal pris. Les politiques, la communauté religieuse et la société civile, le critiquent voire le menacent, alors qu’il tentait de souligner le triste bilan des victimes des mouvements de foule lors du pèlerinage. « Plutôt que de critiquer les dessinateurs, on devrait essayer de régler les problèmes », confie-t-il.
Ses procès ne le freinent pas, au contraire. Jusqu’au bout son humour il le conserve. Même lors d’un jugement, lorsqu’un juge lui demanda pourquoi il dessinait les généraux gros, moche, et sales, et pourquoi ne pas les faire beaux, minces et propres. » Mais c’est parce qu’ils sont comme ça! Le jour où j’en verrais un je le dessinerais beaux et minces », lui a-t-il répondu!
La critique il l’a au bout du crayon et le lâchera pas, puisqu’il tient à sa Liberté plus que tout. Il confie même qu’il » payerait pour travailler dans son journal » pourvu qu’il conserve cette liberté.
Vidéo produite par Samar Media
AB