Des groupuscules pro-israéliens menacent une exposition sur la Palestine

Redaction

«Foyer fantôme» est une exposition consacrée au travail de l’artiste palestinienne Ahlam Shibli qui traite notamment de la résistance et du phénomène des martyrs en Cisjordanie. Depuis son ouverture le 28 mai dernier, elle fait polémique et se retrouve menacée par des groupuscules pro-israéliens qui réclament sa fermeture. Vendredi soir, la police a dû être mobilisée autour du lieu d’exposition à Paris pour empêcher les actes de vandalisme, selon des informations rapportées par l’APS.

Le centre d’Art contemporain du Jeu de Paume accueille depuis un mois l’exposition controversée «Phantom Home» (Foyer Fantôme) de la photographe Ahlam Shibli. Six séries d’images sont proposées traitant de thèmes très divers. Seules deux d’entre elles ont pour sujet la condition du peuple palestinien : «Trackers» et «Death». C’est cette dernière qui est en fait la cause de la polémique entourant l’exposition. La série, photographiée en 2012, est composée de 68 photos qui témoignent du culte à l’extrême des martyrs palestiniens dans la région de Naplouse en Cisjordanie et dans les camps de réfugiés alentours. Graffitis, inscriptions et posters sur les murs, images à l’effigie des Palestiniens morts en martyrs placardés dans la rue et dans les maisons, tombes dans les cimetières… Les visiteurs découvrent à travers les photos d’Ahlam Shibli toutes les formes de glorification de ces résistants palestiniens, morts lors d’opérations suicides ou tués par l’armée israélienne.

Des représentations que certains jugent intolérables. Pour plusieurs organisations pro-israéliennes, dont le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), cette exposition ferait l’apologie du terrorisme. Une accusation totalement rejetée par l’artiste et par le musée qui l’expose. L’équipe du Jeu de Paume aurait été harcelée et menacée, le public aurait même dû être évacué à cause d’alertes à la bombe. Vendredi soir, face à des menaces de vandalisme, une forte présence policière aurait été déployé autour du lieu, situé dans le 8ème arrondissement à Paris, a rapporté l’APS ce samedi matin.

Le ministère français de la Culture et de la Communication, qui est censé soutenir le musée et la liberté d’expression artistique, a fini par céder du terrain face aux pressions. Il a exigé que le Jeu de Paume clarifie les propos de l’artiste. La direction du centre d’Art contemporain a finalement été contrainte d’afficher un panneau «Avertissement» à l’entrée de l’exposition. Il y est écrit que «l’artiste Ahlam Shibli présente un travail sur des images qui ne constitue ni de la propagande ni une apologie du terrorisme». L’écriteau contient également une citation de l’artiste qui se justifie : «Comme l’explique l’artiste elle-même, « je ne suis pas une militante, mon travail est de montrer, pas de dénoncer, ni de juger »».