8 réalisateurs israéliens dont les films sont actuellement présentés au Festival du film de Jérusalem ont émis lundi un manifeste puissant dénonçant la partialité des médias israéliens, qui ne montrent jamais la souffrance du peuple palestinien, et appelant les deux parties à un cessez-le-feu.
Efrat Corem, Shira Geffen, Ronit Elkabetz, Keren Yedaya, Tali Shalom Ezer, Nadav Lapid, Shlomi Elkabetz, et Bozi Gete, 8 réalisateurs israéliens présents ces jours-ci à Jérusalem ont diffusé leur texte lors d’une conférence de presse lundi 14 juillet. Le communiqué transmis aux médias appelle à la fin des violences, la reconnaissance des souffrances des Palestiens et la mise en place d’un dialogue entre Israéliens et Palestiniens.
« Nous, signataires, réalisateurs israéliens dont les films participent au Festival du film de Jérusalem, croyons qu’en ces jours violents, il est impossible de parler seulement de cinéma, en ignorant la tuerie et les événements horribles qui nous entourent. Nous aussi, nous avons peur. Certains d’entre nous ont des enfants. Nos enfants sont terrifiés par les alarmes et les déflagrations de la guerre. Nous ne voulons pas de vengeance, et nous ne croyons pas au bien-fondé d’une solution militaire ; elle s’est déjà montrée inutile par le passé. Les enfants de Gaza ne bénéficient pas de la protection du Dôme de fer. Ils n’ont pas d’abris sécurisés ni de sirènes. Les enfants qui vivent aujourd’hui à Gaza seront demain nos partenaires pour la paix. La tuerie et l’horreur que nous leur infligeons ne font que repousser la possibilité d’une solution diplomatique. Les caméras d’ici, en Israël, filment les souffrances et la douleur des citoyens israéliens victimes des attaques aériennes. Elles le font quotidiennement. Il est important pour nous d’affirmer notre profonde sympathie envers les Israéliens qui vivent dans le sud du pays, qui se trouvent sur la ligne de front. Ce sont des hommes, des femmes et des enfants innocents, qui vivent un cauchemar depuis des années. Ils ont le droit à la protection totale, mais il y a d’autres moyens pour cela ! Un dialogue doit être établi, et la souffrance de l’autre doit être reconnue. Aujourd’hui, nous voulons tourner les caméras vers la souffrance des résidents de Gaza, des hommes, des femmes et des enfants tués ces derniers jours. Ceux qui filment la souffrance des Israéliens devraient être suffisamment courageux et honnêtes pour filmer également la tuerie et la destruction de Gaza, et raconter aussi cette histoire. Les souffrances des Israéliens et des Palestiniens sont entremêlées, et la première ne peut cesser tant que l’autre continue. L’idée que la vie continue, idée selon laquelle les événements environnants ne peuvent pas et ne vont pas affecter notre quotidien, est moralement intenable. En ces jours terribles, nous, artistes et créateurs, attendons que vous, l’administration du festival, les spectateurs et les médias, utilisiez cet événement pour émettre un cri pour le changement. Nous appelons le gouvernement israélien à un cessez-le-feu ; nous l’implorons de ne pas envoyer nos troupes se faire tuer dans une autre campagne militaire inutile et cruelle ; nous l’exhortons à démarrer un dialogue sensé avec le peuple palestinien et ses représentants, afin de construire une paix durable pour les deux camps. »
Lors de cette même conférence de presse, les réalisatrices israéliennes Shira Geffen et Keren Yedaya, signataires du manifeste, ont lu les noms d’enfants palestiniens tués ces derniers jours à Gaza. « Ce n’est pas une provocation, il est naturel de leur donner un nom et de se souvenir », ont-elles au préalable souligné.
Les 8 réalisateurs espèrent ainsi faire du festival une plate-forme propice à l’expression de leurs revendications, et veulent utiliser leur statut d’artiste pour influer sur la vie politique de leur pays.